Nous avons vu précedemment l’importance d’un schéma actantiel c’est-à-dire une sorte d’organigramme des personnages et surtout de leurs relations.
Après avoir étudié les relations sous l’angle des fonctions des personnages dans l’histoire, penchons-nous sur les archétypes pour l’instauration de telles relations.
Les articles précédents (que nous vous recommandons de lire au préalable) :
- LE PERSONNAGE SELON JOHN TRUBY – PART 1
- LE PERSONNAGE SELON JOHN TRUBY – PART 2
- LE PERSONNAGE SELON JOHN TRUBY – PART 3
Un archétype est un modèle psychologique fondamental chez un individu. Ce personnage tient un rôle dans la société qui le reconnaît d’après ce rôle, d’après ses interactions avec les autres. L’avantage de l’archétype est qu’il possède un caractère universel, qui ne se limite pas à une culture.
Universalité de l’archétype
Cette universalité de l’archétype permet à votre lecteur d’identifier immédiatement le type de personnalité du personnage (par ses actions, ses réactions et dans sa relation aux autres).
Ce pouvoir de l’archétype de résonner assez profondément chez un lecteur lui permet de provoquer chez ce dernier une réponse émotionnelle assez nette. L’archétype acquiert ainsi une épaisseur clef en main que vous utiliserez au service de votre histoire.
Cependant, il vous faudra éviter l’écueil du stéréotype. En effet, si vous n’étoffez pas votre archétype par des traits de caractère spécifiques qui feront de lui un personnage unique et singulier, vous desservirez votre histoire.
Dans un récit fantastique, par exemple, il est commun de rencontrer des personnages types comme les vampires ou les fantômes. Si vous utilisez ces personnages tels quels, votre histoire paraîtra fade car ces archétypes se retrouvent dans une foule d’histoires. Mais, si vous leur attribuez des caractères particuliers, vous les individualiserez dans le cadre de votre récit et votre vampire ou votre fantôme seront définitivement reliés à votre histoire et à aucune autre bien qu’ils soient des personnages communs et habituels à nombre de récits fantastiques.
Carl Gustav Jung est à l’origine de la notion d’archétypes utilisés par les auteurs. Un des archétypes les plus célèbres est celui de l’ombre (la part d’ombre que nous avons tous en nous).
Nous vous conseillons la lecture de :
LES ARCHETYPES DE JUNG
L’ombre, personnage de nos ténèbres
Lorsque vous créez un personnage (basé ou non sur un archétype), vous aurez toujours une part d’ombre sur laquelle vous devrez vous pencher.
Cette ombre est une tendance négative dans la psyché de votre personnage, donc nécessaire aussi à la psychologie d’un archétype même si par ailleurs son comportement est codifié par son statut d’archétype.
Dans votre histoire, vous devrez donc traduire les archétypes en décrivant le rôle bénéfique qu’ils jouent dans celle-ci mais aussi leurs probables faiblesses utiles dans le contexte de votre histoire. Vous devez contextualiser votre archétype pour le faire entrer dans votre récit sans que cet archétype ne détonne dans celui-ci.
John Truby énumère quelques archétypes mais d’autres sont disponibles.
Vous en trouverez des exemples sous notre rubrique : Archétypes
LE ROI OU LE PÈRE
Force :
Conduit sa famille ou son peuple avec sagesse, prévoyance et détermination afin de leur permettre d’évoluer et de grandir.
Faiblesse :
Peut obliger sa femme, ses enfants ou son peuple à se soumettre à des règles strictes. Peut être aveugle devant les désirs et les besoins des autres (proches ou non). Peut obliger les autres à vivre pour son seul plaisir ou profit.
Exemples :
Le Roi Arthur, le Roi Lear, Hamlet, Aragorn et Sauron…
LA REINE OU LA MÈRE
Force :
Mère nourricière, elle procure les soins, l’attention et la protection pour permettre à ses enfants ou à son peuple de croître sans encombre.
Faiblesse :
Peut être surprotectrice jusques la tyrannie (Besoin de tout contrôler). Peut user de la culpabilité et de la honte pour conserver ses enfants (ou les autres) auprès d’elle assurant ainsi égoïstement son propre confort.
Exemples :
Gertrude (la mère d’Hamlet) ; Carolyne (la femme de Lester dans American Beauty) ; Kate Keller dans Ils étaient tous mes fils de Chester Erskine d’après la pièce Ils étaient tous mes fils d’Arthur Miller et dirigé par Irving Reis ; Amanda Wingfield dans La Ménagerie de verre (The Glass Menagerie) de Tennessee Williams.
LE VIEIL HOMME OU LA VIELLE FEMME SAGE, LE MENTOR, LE PROFESSEUR
Force :
Est capable de transmettre savoir et sagesse afin que les gens puissent vivre des vies meilleures et que la société puisse être améliorée.
Faiblesse :
En tant que précepteur, peut être amené à façonner les esprits qu’il instruit. Sa parole peut être orientée vers sa propre gloire plutôt qu’au profit de ses idées.
Exemples :
Yoda, Hannibal Lecter, Gandalf et Saruman, Polonius dans Hamlet, Merlin…
LE GUERRIER
Force :
Il est l’homme fort qui défend le bien (prend souvent la défense de la veuve et de l’orphelin).
Faiblesse :
Peut vivre sous la devise rigoureuse de Tuer ou d’être tué. Peut être amené à penser que tout ce qui est faible ou imparfait (ou ce qu’il considère comme étant le mal) doit être détruit faisant de lui alors un personnage aveugle de vengeance ou manquant de discernement.
Exemples :
Luke Skywalker et Han Solo, Gilgamesh, Aragorn, Legolas et Gimli dans Le Seigneur des Anneaux, Sonny Corleone dans Le Parrain, le Terminator…
LE MAGICIEN OU SHAMAN
Force :
Est capable de rendre perceptible au-delà des sens une réalité plus profonde. Peut équilibrer et contrôler les forces cachées et puissantes de la nature.
Faiblesse :
Peut manipuler des réalités cachées pour aliéner les autres. Peut être amené à détruire l’ordre naturel des choses.
Exemples :
Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Erik le fantôme de l’opéra.
Vous noterez que des personnages comme Gandalf, Saruman ou Merlin peuvent endosser l’habit du magicien comme celui du mentor. Les détails de votre histoire les distingueront alors vers un archétype plutôt qu’un autre.
LE TRICKSTER (OU TRICHEUR)
Le trickster remplace souvent l’archétype du magicien car il est plus facile à placer dans nombre d’histoires.
Force :
Beau parleur, il utilise la confiance, la tricherie pour obtenir ce qu’il veut.
Faiblesse :
Peut utiliser sa force (en particulier le mensonge) pour privilégier son intérêt propre au détriment des autres.
Exemples :
Loki (mythologie nordique), Hannibal Lecter.
Vous constaterez que certains personnages peuvent référer à différents archétypes selon le moment qui sied le mieux à tel ou tel type de personnalité selon les besoins de votre histoire à tel ou tel moment, c’est le cas par exemple de Michael Dorsey dans Tootsie à la fois héros et tricheur…
Quelques conseils de lecture :
Nous vous conseillons aussi de lire notre article sur Comment écrire un scénario où nous abordons aussi la notion d’archétypes.
6 CONSEILS POUR ECRIRE UN SCENARIO
Nous vous invitons à poursuivre votre lecture de cet article :
LE PERSONNAGE SELON JOHN TRUBY – PART 5
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