L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 5

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Continuons avec cette cinquième partie sur l’étude de l’arc dramatique de votre personnage.

Les premières parties :
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 1
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 2
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 3
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 4

L’EXCENTRIQUE

L’excentrique est vraiment différent (et doit l’être) de tous vos autres personnages.  Ce qui caractérise son comportement est qu’il est égocentrique et tête en l’air. Inutile de lui confier une liste de choses à faire, au pire, il en voudra au personnage de le charger avec un tel fardeau.

Fletcher Reede de Menteur, menteur écrit par Paul Guay et Stephen Mazuer pourrait être un bon personnage pour vous inspirer de ce que pourrait être votre excentrique.
L’excentrique ne s’accommode pas d’un groupe, il œuvre habituellement seul et lorsqu’il fait partie d’une équipe, il fait échouer les plans. Il n’est pas asocial, il n’y a aucune malice lorsqu’il déjoue les plans du groupe, c’est que son énergie est tout simplement dévastatrice.

Il a beaucoup de difficultés à comprendre les autres personnages et réagit souvent étrangement aux comportements des autres. Il y a du Stan Laurel dans ses réactions.
Il a l’habitude de parler tout seul. En fait, il discute avec lui-même et parfois tout haut. C’est peut-être sa façon à lui d’évacuer ses angoisses existentielles ou de libérer un trop-plein d’énergie. Imaginez un personnage qui pense être en conversation avec l’excentrique alors que les lignes de dialogue de celui-ci sont toutes occupées à se répondre à lui-même. Le personnage pourrait s’offusquer du comportement de l’excentrique mais celui-ci ne réalise même pas que son attitude est injurieuse envers ce personnage.

Vous rencontrerez souvent l’excentrique absorbé dans une activité et une seule qui lui prend tout son temps au détriment de ceux qui l’entoure. Encore une fois, ce n’est pas un solitaire, c’est un être passionné qui s’immerge si profondément dans sa passion que la réalité tout autour s’estompe. Il n’y a plus que lui et cette passion dévorante.
Ce qui peut amener chez les autres personnages un sentiment d’incompréhension totale de l’excentrique. Et c’est bien cela son problème. Il s’isole involontairement car peu de personnages sont en mesure de le comprendre.

C’est un personnage qui dénie la réalité et qui lui donne un tour imaginaire qui lui permet de supporter le monde. L’évolution de son arc dramatique pourrait être une acceptation de cette réalité ou au contraire un renforcement de son imagination pour fuir par exemple la mort d’un proche dont il ne peut faire le deuil ou bien parce que c’est peut-être le seul moyen à sa disposition pour accepter la mort.

L’EXTRAVERTI

Pour ce personnage, tout est tonifiant. Il est joyeux, vif, plein d’allant, spontané. Il incarne la nature humaine dans ce qu’elle a de meilleur. Psychologiquement, ce n’est pas un personnage facile à développer. A moins que votre intrigue ne cherche à le briser.

C’est un personnage qui se veut sympathique. Est-ce qu’il l’est vraiment, est-il en accord avec sa nature profonde ? C’est la question que vous devez vous poser si vous créez un extraverti.
De toutes façons, son comportement avec les autres personnages sera chaleureux. La présence de l’extraverti au milieu de la foule ou dans des scènes avec plusieurs personnages est tout à fait légitime puisqu’il s’y sent particulièrement à l’aise.

Il est capable de prendre à bras le corps des tâches qui semblent hors d’atteinte pour de nombreux personnages. L’extraverti est dynamique, vigoureux (on ne s’attend pas effectivement à ce qu’un personnage malingre soit extraverti, ni à ce qu’un personnage tête de turc le soit). L’énergie dont il fait montre est remarquable.

Ce qui caractérise aussi ce personnage est qu’il est loquace. Le moins qu’on puisse dire est qu’il est volubile voire démonstratif. Mais sous des airs bravaches, un œil avisé peut déceler le malaise.
L’extraverti a des convictions difficilement ébranlables qu’il assène volontiers. Généralement, c’est un personnage populaire. Enthousiaste de tout, il participe efficacement à de nombreux projets.

Revers de la médaille, il n’est pas très réceptif aux autres. Il se rapproche en cela de l’excentrique. C’est le cas de Fletcher Reede, incapable d’assumer le malaise de son fils et de sa femme.
D’ailleurs, son extraversion et son excentricité ne l’incitent pas particulièrement à tenter de venir en aide (une aide morale, s’entend) à ceux qui pourraient en avoir besoin. Pour compléter le profil de l’extraverti, vous pourriez puiser certains traits de caractère de l’ennéatype 7.

L’extraverti est généralement amical mais cette convivialité est bien souvent artificielle, l’extraverti manquant cruellement d’expériences intimes vraies. Il se coule assez facilement dans des carrières où ses talents d’orateur sont recherchés.
Le problème de l’extraverti est son anxiété que suscite en lui la peur de la privation et de tout ce qui pourrait lui causer de la douleur. Un arc dramatique intéressant serait de montrer un extraverti abandonnant ses droits au profit d’un personnage qu’il considérerait comme celui qui devrait être choisi à sa place, comme celui qui mérite cette distinction.

Dans ce cas, l’extraverti occupe la fonction du mentor auprès du personnage (qui est alors le héros de l’histoire) l’aidant à prendre conscience de son importance.
Trois arcs dramatiques sont alors à l’œuvre dans ce cas de figure : celui de l’extraverti qui prend conscience que le sacrifice est en fin de compte sa rédemption, son expiation ; celui du héros qui peut enfin devenir le personnage complet et entier qu’il n’était pas au début de l’histoire ; celui de la relation entre le héros et l’extraverti qui pourrait par exemple passer d’une distance relative au début et finir sur une véritable passion, amitié ou amour. La fonction du mentor dans l’histoire est ainsi grandement approfondie.

LE BOUC ÉMISSAIRE

Ce qui caractérise le bouc émissaire est qu’il est au mauvais moment au mauvais endroit et probablement avec les mauvaises personnes.
Une référence pour la création d’un tel personnage pourrait être Christopher Balestrero dans  Le faux coupable de Maxwell Anderson, Angus MacPhail, d’après L’Histoire véritable de Christopher Emmanuel Balestrero de Maxwell Anderson et dirigé par Alfred Hitchcock où Balestrero est accusé à tort et doit se disculper auprès d’une justice aveugle.

Le bouc émissaire un personnage confiant par nature. Il peut être aussi bien le héros de votre histoire qu’un personnage secondaire. Souvent, le bouc émissaire devient une sorte de mission pour le héros qui doit le protéger des autres et gagner son amitié.

Le bouc émissaire est un archétype qui devra assumer les torts pour tout ce qui se produit de mal dans l’histoire. Généralement, il fait partie des exclus, des marginaux, des vagabonds. Son altérité le désigne à l’opprobre. Il est l’étranger, l’objet de l’exécration publique.
Son expulsion de la communauté ou sa mort parfois organisée en rituel permet d’expier la corruption ou les péchés de ladite communauté.
Il est possible d’envisager le bouc émissaire comme élément dramatique de l’incident déclencheur, l’événement qui va initier la marche du héros vers son objectif.

La crédulité du bouc émissaire fait parfois partie de sa personnalité. Il est souvent décrit comme naïf, victime désignée. Ses centres d’intérêt ne sont pas nombreux et son cursus scolaire est habituellement moyen. Son arc dramatique est plutôt plat car ce personnage est un follower, dans les thrillers, on le considère comme une gâchette… Son manque de jugement est notoire.
Son emploi le plus commun est donc celui d’un personnage secondaire. Le problème du bouc émissaire est qu’il peut, entre les mains de personnages peu scrupuleux, se retourner contre le héros, donc être la source d’un nouvel obstacle pour celui-ci.

LE CRAINTIF

Le craintif est effrayé par de nombreuses choses : le mensonge, la trahison, les imprévus, le changement, les situations ambiguës, le rejet, les relations…
Ne nous méprenons pas : le craintif ne grimpe pas aux rideaux au moindre bruit. Le craintif trouve que le monde extérieur est suspect et dangereux. Considérons alors que le craintif évite le danger. Et il le fait de façon innée, sans avoir conscience des peurs souterraines qui l’anime.

Le craintif assume toujours le pire donc il n’est pas question pour lui de prendre le moindre risque ou de tenter sa chance sur quoi que soit parce que ce sera de toute façon un échec. Apparemment pessimiste, se tenant toujours en retrait, il peut être intéressant de le coupler avec un extraverti dans une histoire.

Le craintif fera tout ce qu’il peut pour ne pas se retrouver dans des situations qui pourraient lui causer une gêne, un désagrément ou une douleur. Manquant de confiance en lui, il ne se trouve pas particulièrement attirant, par exemple, mais prendra soin cependant de son apparence.

Le craintif est généralement décrit comme s’impliquant rarement dans un groupe ou une organisation mais tout comme l’ennéatype 6, il peut rejoindre un groupe et lui être loyal car il s’y sent en sûreté. Il fait montre alors d’une véritable sensibilité envers les membres de son groupe (familial ou autre).
Il se tient en retrait du monde extérieur mais il n’est pas asocial pour autant. Malheureusement pour le craintif, ses relations intimes sont souvent avortées non pas qu’il soit difficile à vivre mais à cause de son angoisse d’être rejeté. Paradoxalement, le craintif a un vrai besoin de relations intimes, un besoin contrarié par ses peurs.

Si le craintif parvient à vaincre ses peurs, à mettre en place une relation intime sincère et totale, nous avons à portée de plume un arc dramatique.
Il faut bien dire que le craintif n’est pas heureux mais là aussi, il ne se rend pas compte que ses craintes (du moins ses convictions que le monde extérieur craint) sont la cause de sa tristesse.

Comme il évite toute situation qui pourrait l’embarrasser, le craintif prend généralement peu d’initiative. Il préfère suivre les ordres. C’est cependant un bon assistant qui aidera le héros à sortir d’une situation critique en faisant preuve parfois d’un courage inattendu. Cette force insoupçonnée peut amorcer un arc dramatique pour un tel personnage.

Nous vous invitons à poursuive la lecture de cet article :

L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 6

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