Quatrième partie sur l’arc dramatique de votre personnage.
Les trois premières parties :
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 1
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 2
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 3
LE CONFORMISTE
Ce n’est pas tant que le conformiste aime les règles, il aime suivre les règles. Il a besoin de normalité. Le Conformiste de Bernardo Bertolucci, adapté du roman d’Alberto Moravia nous montre Marcello en proie à des sentiments de culpabilité après un meurtre cependant commis en légitime défense. Le besoin très fort qu’il ressent alors de s’adapter en devenant le plus possible normal et sociable le pousse à intégrer le mouvement fasciste.
C’est par le biais de cette structure organisée qu’il espère rencontrer la normalité à laquelle il aspire. Il ira même jusqu’à épouser Giulia, une petite pécore, pour masquer son homosexualité.
Le conformiste est proche de l’ennéatype 6 (voir notre série d’articles sur l’ennéagramme ICI).
Ses idées sont généralement conservatrices. Il endure de nombreuses limites comportementales afin de ne pas dévier de la norme. Il lui arrive d’avoir la nostalgie d’un bon vieux temps qu’il n’a pas connu.
Il est résistant au changement mais ce n’est pas parce qu’il refuse de voir changer les choses autour de lui qu’elles ne le peuvent à l’intérieur de lui. Lorsqu’il intègre une organisation, une structure qu’il reconnaît en tant qu’autorité, il lui est loyal. Tant qu’il se sent en sûreté dans le groupe, sa loyauté est intègre mais les événements peuvent l’amener à changer de point de vue et à rejeter ce groupe.
S’il n’est pas le héros, le conformiste pourrait être un personnage important dans la vie de celui-ci. Il pourrait en effet influencer le héros non pas pour lui nuire, pour l’empêcher d’atteindre son objectif mais en tentant de lui faire comprendre qu’il y a d’autres possibilités. Il tente en fait de le détourner de son objectif mais sans intention néfaste, sans être subversif. D’ailleurs, il ne peut pas être subversif puisque cela va à l’encontre de ses propres valeurs.
Dans ce cas, il est tout à fait similaire à l’Influence Character de la théorie narrative Dramatica.
Comme le conformiste est quelqu’un d’assez indécis, c’est la raison de son besoin de s’intégrer dans un groupe qui l’aidera dans ses prises de décision. C’est par exemple le genre de personnage qui ne sait jamais quel restaurant choisir et lorsqu’il est parvenu à se décider, ne sait pas quoi commander.
Habituellement, le conformiste ne prend pas de risque ou du moins se la joue en sourdine. Ce n’est pas qu’il soit lâche, il lui arrive de se montrer fort courageux. Il se considère en fait comme le joueur d’une équipe à laquelle il propose des alternatives utiles. Lorsqu’il ne cherche pas ainsi à influencer le héros, le conformiste peut avoir de bonnes idées pour faire avancer l’intrigue.
La loyauté du conformiste le rend très dépendant envers le groupe auquel il appartient. Il peut être ainsi un allié fidèle ou du protagoniste ou de l’antagoniste. L’un ou l’autre de ces derniers sachant à quoi s’attendre de lui, il lui demande rarement de faire les choses autrement que de la façon dont le conformiste a l’habitude.
LE CONVENTIONNEL
Le conventionnel est très proche du conformiste. Le conventionnel est vraiment réactionnaire. Il se dressera contre toute idée progressiste. La Sœur Aloysius dans Doute de John Patrick Shanley (d’après sa pièce) semble être un personnage très proche du conventionnel croyant dur comme fer à l’ordre, la rigueur et l’intimidation.
Pour le conventionnel, aucun changement ne doit venir perturber l’ordre établi. Le conventionnel est ainsi beaucoup moins conciliant que le conformiste. Il en serait presque le bras armé.
Le conventionnel est aisément reconnaissable parmi les personnages parce qu’il est généralement identifié par une sorte d’uniforme qui caractérise davantage sa personnalité que sa fonction dans l’histoire. Comparez la gentille fée du Nord et la méchante sorcière de l’Ouest et vous comprendrez que l’habit fait le moine. C’est un peu le cas avec le conventionnel. Celui-ci incarne en fin de compte une tradition. En cela, l’archétype du mentor fonctionne bien avec ce type de personnalité conventionnel.
Le conventionnel est moins indécis que le conformiste mais il est inutile pour le héros ou le méchant de l’histoire (tout dépend vers qui, dans votre histoire, le conventionnel a fait allégeance) de lui demander de prendre une décision à leur place. Ce n’est pas le rôle du conventionnel de prendre des décisions qui vont infléchir le cours de l’intrigue.
Il ne prendra pas non plus l’initiative d’agir à la place du protagoniste. Il peut cependant le conseiller sur la conduite à tenir ce qui le différencie du conformiste qui lui tentera de détourner le héros de son objectif si les actions du héros risquent de briser l’ordre établi.
Le conventionnel tout comme le conformiste est un allié fidèle qui ne rechigne pas à la tâche. Caractéristique de son manque d’initiative, il est plus enclin à obéir aux ordres qu’à en donner. Le conventionnel est souvent un personnage secondaire parce que sa personnalité est toute orientée à remplir la fonction qui lui est assignée. C’est ainsi que du point de vue de son arc dramatique, il n’est pas très intéressant de faire évoluer ce personnage.
Sous cet angle, le conformiste est plus apte à éprouver un changement dans sa personnalité que le conventionnel. Sœur Aloysius bien que contre toute attente admet qu’elle a quelques doutes sur la culpabilité du père Flynn, cela ne change en rien sa personnalité.
Sur le plan des relations intimes, le conventionnel est très dévoué envers son cercle de famille et d’amis. Mais si l’un d’entre eux venait à avoir des rêves qui viendraient heurter le système de valeurs du conventionnel, les conflits ne tarderaient pas.
Un petit rappel :
Choisir un type de personnalité pour l’un de vos personnages et lui attribuer les traits de caractère spécifiques à cette personnalité doit vous aider à créer des personnages crédibles et à mettre en place pour eux des arcs dramatiques convaincants. Vous pouvez choisir l’une des failles majeures d’une personnalité et la résoudre d’ici la fin de votre histoire et vous aurez créé un arc. Vous pouvez aussi décider de renforcer ou d’affaiblir l’un des traits marquants de cette personnalité et cela constitue aussi un arc.
Les types de personnalité permettent aussi de distinguer les personnages entre eux. En choisissant deux types de personnalité différents, vous vous assurez qu’aucun des deux personnages ne fera les mêmes actions, ne prendra les mêmes décisions (un problème plus récurrent qu’il n’y paraît).
LE CRÉATEUR
Le créateur a de l’imagination et est un être enthousiaste. Il est très proche de l’ennéatype 7 avec son côté d’éternel optimiste. Distrait, connu pour ne pas aller jusqu’au bout des choses qu’il entreprend, il adore cependant mener plusieurs activités de front grâce à ses excellentes capacités de synthèse, d’imagination et d’organisation.
Le problème majeur du créateur est qu’il a tendance à s’isoler, à ne pas tenir compte des autres lorsqu’il est dans sa phase créative. Ce n’est pas qu’il soit un ours, bien au contraire, il peut se montrer très chaleureux. Il a simplement tendance à ne pas être trop à l’écoute des autres. Vous pourriez d’ailleurs jouer sur cette faiblesse à s’impliquer vis-à-vis des autres personnages pour construire un arc dramatique pour le créateur.
C’est aussi un individu qui sacrifie tout au plaisir et lorsqu’une activité lui apparaît soudainement déplaisante, il l’abandonne aussitôt. Il a horreur de la conformité et tend à ne pas être conventionnel (deux traits qui devraient vous permettre d’en faire un portrait truculent).
On trouve ce type de personnage dans les arts et la recherche. C’est un individu qui préfère travailler seul plutôt que de rejoindre une équipe.
LE DÉPENDANT
Le dépendant est ce type de personnage toujours dans le besoin, presque un indigent et pas seulement physiquement. Il est souvent timide, toujours embarrassé. Il manque de confiance en lui. Le dépendant est normalement un personnage colérique qui remet souvent au lendemain ce qu’il devrait faire le jour même. Dans le même temps, c’est un individu qui a toujours besoin d’être aidé.
On peut dire de lui que c’est un véritable poids dans la vie des autres. C’est un personnage qui manque habituellement d’initiative ce qui correspond bien à son caractère mais parfois, afin d’attirer l’attention sur lui (pour qu’on s’occupe de lui en fait), il est capable de s’atteler à des tâches que personne d’autre ne souhaite prendre en charge.
Est-ce qu’un dépendant peut être un héros ? Pourquoi pas car la faiblesse majeure de sa personnalité (la dépendance) peut permettre de construire un arc dramatique assez passionnant en lui permettant, à force d’épreuves, de guérir de cette dépendance, de se sentir enfin indépendant et d’éprouver, peut-être pour la première fois, le sens de la liberté.
Le dépendant a des difficultés à finir ce qu’il commence (un peu comme le créateur) mais pas pour les mêmes raisons. En effet, le dépendant se comporte un peu comme l’ennéatype 1 (le perfectionniste) en considérant que ce qu’il fait n’est jamais assez bon, pas assez parfait, et l’abandonne donc.
Les peurs intimes du dépendant sont bien entendu l’abandon (la peur d’être rejeté) mais aussi le désappointement lorsqu’il s’en remet à une personne qui s’avère incapable de lui apporter l’aide qu’il attend (voire qu’il exige d’elle).
Ce qui est intéressant avec le dépendant est que tous les ennéatypes sont concernés ce qui vous ouvre la possibilité de l’étoffer de nouveaux traits de caractère afin de l’affiner au mieux des intérêts de votre intrigue.
Le dépendant est surtout un manipulateur (des autres personnages ou des situations) afin de recevoir le support et l’attention dont il a besoin pour se sentir bien sur tous les plans (physique, émotionnel, financier…).
Émotionnellement, le dépendant est assez fragile et peut s’humilier facilement. Ce n’est pas qu’il soit lunatique, il est simplement plus sensible que d’autre et la moindre égratignure devient vite plaie béante. La rancune peut être tenace.
C’est un personnage qui a toujours besoin qu’on le rassure sur sa valeur, sur sa beauté, sur son efficacité… Il est presque obsédé par la façon qu’il est perçu par les autres. Personnage discret par nature, il n’est jamais présent lorsque l’on a besoin de lui, il attend effectivement que ce soit les autres qui agissent.
En fin de compte, la crainte la plus vive du dépendant est de ne plus être accepté, pas nécessairement rejeté, ce qui provoque en lui encore plus de dépendance. Par exemple, n’ayant pu trouver l’aide qu’il attendait d’un personnage et ne sachant plus vers qui se tourner, le dépendant pourrait compenser son malaise par une crise boulimique ou se lancer dans n’importe quelle autre addiction.
Très collant, le dépendant est prêt à de nombreux sacrifices pour ne pas perdre l’acceptation des autres. Il s’attache facilement à un personnage qui satisfait à ses besoins mais la relation est généralement de courte durée car la présence du dépendant auprès de quelqu’un est habituellement étouffante.
Nous poursuivons cet article :
L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 5
Depuis 2014, Scenar Mag est un partage d’informations pertinentes pour vous aider dans tous vos projets d’écriture. Ne restez pas indifférents à cette initiative. Grâce à vos dons, vous assurez le devenir de Scenar Mag. Donnez. Supportez Scenar Mag (100% de vos dons vont au fonctionnement de Scenar Mag). Merci