Billy Wilder a dit à propos de la voix off de faire attention à ne pas montrer ce que le public voit déjà.
Parfois, lorsqu’un auteur a du mal à faire passer certaines informations à travers les dialogues, il a recours à une voix off qui s’avère en fin de compte bien pauvre et mal venue. Rien à voir avec Les deux anglaises et le continent de François Truffaut.
C’est pour cela qu’au moment de la réécriture, il faudra repenser cette approche et vous devrez trouver le moyen pour que votre exposition n’emprunte plus cette voie de facilité.
Billy Wilder ajoute que la voix off ne doit être utilisée que lorsqu’elle apporte un élément nouveau à l’histoire, plus précisément un élément dramatique qu’elle ne peut communiquer autrement.
Prenons un exemple :
Les évadés de Frank Darabont adapté de Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank de Stephen King.
Vous noterez que Red commente l’action (c’est un véritable commentaire) mais qu’il ne décrit pas ce qu’il se passe à l’écran. La voix off ajoute de la profondeur et permet une meilleure compréhension de ce qu’il se passe dans cette scène. La voix off ajoute à l’idée de la difficulté de cette première nuit en prison.
Cette voix off nous donne quelques impressions sur les nouveaux venus, sur Red lui-même mais elle assure surtout la transition avec ce qui suit.
En effet, « J’avais mis mon fric sur Andy Dufresne » intervient juste avant que les anciens n’essaient de briser les nouveaux venus ce qui aurait pu les rendre antipathiques incluant Red. Si la voix off n’avait pas précisé les raisons des actions des anciens détenus, cela aurait pu paraître un acte cruel de leur part. Cette cruauté n’est pas recherchée, elle n’est pas le propos des scènes qui suivent et la voix off permet de le préciser.
La narration de Red aide aussi à comprendre Andy. C’est un être distant, mystérieux. Or il est le personnage principal. La voix de Red nous aide alors à établir une connexion avec Andy, indispensable vis-à-vis d’un personnage principal.
Elle nous aide à saisir un peu de la personnalité de Andy, à apprécier Andy. Sans cette voix off, cela aurait été trop compliqué à mettre en place, voire impossible.
Comme l’écrit Billy Wilder, la voix off ajoute à l’histoire. Elle est un élément dramatique à part entière et doit être traitée comme tel.
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