La structure en 3 actes remonte à la tragédie grecque et elle fut beaucoup utilisée, encore de nos jours quoique certains pensent qu’elle soit mal adaptée au cinéma.
Quoiqu’il en soit, voici un article qui vous permettra d’en comprendre le fonctionnement et si cette structure composée de 3 actes peut vous convenir pour l’écriture de votre scénario.
Quoique relativement simple, la structure en 3 actes s’est avérée un excellent outil entre les mains de nombreux scénaristes et une méthode éprouvée pour structurer un récit.
Elle se décompose en :
Acte 1 : La mise en place et l’exposition
Acte 2 : Confrontation, Complication et Obstacles
Acte 3 : La résolution
Pour un scénario de 120 pages par exemple, l’acte 1 occupe 25 % du contenu soit 30 pages, l’acte 2 s’étend sur 50 % (soit 60 pages) et l’acte 3 s’octroie le dernier quart de 30 pages.
Chacun des actes a ses propres directives et règles destinées à faciliter le développement de votre récit.
C’est une règle reconnue que les 10 ou 15 premières pages de votre scénario doivent être suffisamment accrocheuses pour que le lecteur (qui pourrait être un professionnel de l’industrie du cinéma) ne l’écarte pas pour passer aussitôt à celui d’un autre.
Lors de ces 10 ou 15 premières pages, vous devez mettre en place :
- Le personnage principal
- Le lieu de l’action et l’atmosphère qui s’en dégage
- Le genre
- Les prémisses de votre histoire
Le Personnage principal
Qui est-il exactement ? Quelles sont ses forces et ses faiblesses ? Comment est sa vie ? Quel est le sens de la normalité à ses yeux ?
Le lieu de l’action et l’atmosphère qui s’en dégage
Où se trouve votre personnage ? Quelles sont ses conditions d’existence ? Farniente sur une plage ensoleillée ou atmosphère grise et feutrée d’un bureau ? Doit-il se battre pour survivre dans ce milieu ?
Le genre
Au bout de 10 pages, votre lecteur doit avoir clairement identifié le genre auquel appartient votre histoire.
Comment avez-vous défini cette hsitoire ? Comédie romantique, Thriller.. un mélange de genres ?
Les prémisses de votre histoire
C’est la base de votre histoire. Par exemple, Rocky de 1976 pourrait être décrit comme l’ultime outsider remportant sa minute de gloire contre le champion en titre des poids lourds.
C’est donc lors de ces 10 ou 15 premières pages que vous aurez toute latitude pour créer votre monde, mettre en place la logique qui le gouvernera.
Au-delà de ces 10 ou 15 premières pages, votre histoire se déroulera selon la logique que vous lui aurez insuflée guidée par sa propre personnalité. C’est cette personalité qui devra accrocher votre lecteur.
L’INCIDENT DECLENCHEUR
Dès les premières pages, votre scénario doit retenir l’attention de votre lecteur, susciter son intérêt en préparant l’incident déclencheur, c’est-à-dire le moment où le quotidien du héros basculera.
Sa vie entrera dans une phase de confusion totale. Face à ce problème majeur qui oriente le récit vers un point de non retour à la vie antérieure du protagoniste, celui-ci devra se fixer des objectifs à atteindre par tous les moyens imaginables pour tenter de retrouver le statut quo initié lors de l’introduction .
LE POINT DE NON RETOUR
A proximité de la fin du premier acte intervient le point de non retour initié par l’incident déclencheur. Dans un scénario de 120 pages, ce point de non retour au statut quo se produit vers la page 25.
Le protagoniste s’enfonce de plus belle dans le problème. Attention, cependant, le mot problème n’est pas à prendre au sens littéral. Ici, la signification du problème est qu’il est mis un terme au quotidien du héros que l’acte Un a exposé. Le protagoniste est mis à l’épreuve vers le bas (échec) ou vers le haut (réussite). Cela dépend de vos intentions d’auteur.
La situation du héros doit être poussée au paroxysme à un point tel que son point de vue sur sa vie ne sera plus le même. Ce point de non retour est un changement majeur dans le parcours du héros.
RESUME DE L’ACTE UN
- Mettez en place le statut quo
- Décrivez le monde du héros
- Créer le dilemme pour le protagoniste
- L’incident déclencheur
- C’est habituellement un impératif moral ou un point d’attaque. Le héros est mis à mal.
- Qu’est-ce qui se passe si… est la question qui est soulevée à la fin du premier acte. C’est cette question dramatique que doit se poser le lecteur. Cela le met en attente et l’incite à vouloir en savoir plus.
- Le protagoniste doit être forcé de prendre une difficile décision sous pression.
- Les conséquences qu’elles soient immédiates ou différées de cette décision doivent créer un enjeu important.
- Dans le même ordre d’idées, les options laissées au protagoniste pour prendre cette difficile décision doivent être limitées. Comme si votre héros n’avait pas le choix. Cela renforce encore l’idée d’un tournant majeur dans son évolution.
- Pour prendre cette décision, le héros est pressé par le temps. Il est dans une situation d’urgence.
L’acte Deux est le plus long des 3 actes.
Il lui faut être apparemment le plus long possible pour votre héros mais le plus court possible pour votre lecteur. En d’autres mots, ne provoquez pas l’ennui chez lui.
Votre héros devra faire face à toute une variété d’obstacles. A chaque fois qu’il en franchira un, un autre surviendra encore plus ardu à franchir. A chaque pas vers la résolution de son objectif, à chaque obstacle renversé, votre personnage principal devra réfléchir encore plus rapidement.
Son caractère se renforcera. Au bout du chemin, il y a le succès (pas systématiquement, d’ailleurs, pour votre personnage, mais un succès a quand même lieu).
Cet acte Deux est mu par une force dont le plaisir malicieux est d’empêcher votre héros d’atteindre ses objectifs. A vous de jouer avec cette force afin de maintenir l’intérêt de votre lecteur. Ici, tout est conflit et confrontation.
Si vous avez plus de deux héros dans votre histoire, cet acte deux risque d’être difficile à gérer. En effet, votre but est de diriger l’empathie de vos lecteurs vers vos personnages. Si vos protagonistes sont trop nombreux, cette empathie recherchée sera diluée entre trop de personnages et vous risquez de perdre de l’intérêt envers eux de la part de vos lecteurs.
Pour un auteur, l’empathie envers son personnage est un but souhaité. Si vous peinez à installer cette sympathie entre votre personnage et vos lecteurs, ceux-ci risquent de ne pas vraiment se sentir concernés par ce qui frappe votre héros.
Vous le savez, cet acte Deux n’est pas le plus facile à écrire. Vous avez créé un cadre avec l’acte Un, l’histoire, les personnages, le ou les conflits, tout cela est déjà bien installé et travaillé. Maintenant, dans un scénario de 120 pages, vous avez 60 pages à remplir.
LE POINT MEDIAN
Heureusement, il y a le point médian qui se situe approximativement au milieu de l’acte Deux.
D’aucuns l’appellent le Point Culminant Mineur. Cela peut être l’arrivée ou le retrait d’un personnage qui a pour conséquences de recentrer encore plus fortement le héros vers son objectif.
Un autre dispositif est l’élaboration d’une intrigue secondaire à ce point médian. Elle peut détourner provisoirement le héros de son objectif principal mais reste d’une façon ou d’une autre connectée à l’intrigue principale ou du moins au thème.
LE POINT CULMINANT MAJEUR
Dans la structure en 3 actes, il est généralement admis qu’un second tournant majeur dans l’évolution ou de l’intrigue ou du personnage principal se produit un peu avant la fin du second acte. Il est aussi connu comme le point culminant majeur de l’intrigue.
C’est un moment de crise exceptionnelle pour le protagoniste. Il est épuisé physiquement ou moralement. Son monde est devenu un antre de ténèbres avec cependant un mince filet lumineux comme un espoir infime à l’horizon.
Ce second tournant primordial du déroulement de l’intrigue devrait :
- Forcer votre personnage à agir pour enfin résoudre le problème qui s’est déclaré au moment de l’incident déclencheur,
- Faire prendre conscience autant à votre personnage qu’à votre lecteur que le facteur temps jouera un rôle primordial dans la suite de l’histoire,
- Diriger toute l’attention de votre personnage vers son objectif finale.
Ce point culminant majeur est un élément primordial de votre récit car il le catapulte dans le troisième acte. Tout comme le point de non retour, le point culminant majeur affecte gravement votre personnage. Il prend de nouvelles orientations. C’est généralement un moment de crise profonde où tout espoir semble perdu.
RESUME DE L’ACTE DEUX
- Un nouvel univers
- Introduisez de nouveaux personnages et au moins une intrigue secondaire.
- Le protagoniste subit les effets des décisions qu’il a prises précédemment.
- Le héros subit une transformation. Son attitude change, son physique change. C’est comme s’il se découvrait une nouvelle vie.
- Les lieux où se déroule l’action devraient être aussi différents.
- Le protagoniste s’oppose ou résiste à un grave conflit qui l’empêche d’atteindre son but.
- Le héros fait face et surmonte le premier obstacle
- Selon vos intentions, cette victoire sur le premier obstacle peut être pour le héros un haut ou un bas point dans son évolution.
- Le protagoniste se découvre des compétences qu’il ne possédait pas.
- En tant qu’individu, votre héros ne devrait plus être le même.
- Quand les émotions entrent en jeu
- Une Love Story ou une intrigue secondaire jouant sur une réponse émotionnelle de votre personnage.
- Qu’est-ce que veut vraiment votre personnage ? Il doit se poser certaines interrogations, interroger ses doutes.
- Qu’est-ce que l’objectif que s’est fixé le héros signifie vraiment pour lui ? (cela se concrétise dans l’enjeu).
- Qu’est-ce qu’il manque dans la vie de votre héros ?
- Le coeur de l’intrigue
- La tension est maximale
- Tout va mal
- Le climax
- Le héros est à son niveau le plus bas.
- Le lecteur ne sait pas si le personnage obtiendra ou non ce qu’il veut.
L’acte Trois présente l’ultime confrontation suivie par la résolution.
La confrontation tout comme le problème ne sont pas à prendre nécessairement dans leur sens littéral. La confrontation peut signifier l’ultime face à face avec le dernier obstacle sur la voie du succès. Elle pourrait être par exemple l’acceptation par le héros de sa vraie nature.
Le dernier obstacle, la dernière épreuve lui ayant ouvert les yeux sur cette vérité refoulée. Dans ce cas, l’objectif que s’était fixé le héros, même s’il n’en avait pas conscience, était de se révéler à lui-même. Tout comme l’a fait Rocky (1976) en combattant Apollo. Les coups qu’il portait au champion du monde était autant de victoires sur lui-même. L’objectif n’était pas de vaincre Apollo mais d’oser l’affronter pour faire face à cette ultime épreuve contre lui-même.
Dorénavant, plus rien ne peut arrêter votre héros. Il y aura peut-être encore quelques obstacles mais votre personnage a été si loin, il a tellement voulu aller jusqu’au bout de son voyage que de toutes façons, il ne peut plus faire demi tour. Ce serait inutile.
Bien sûr, la résolution ne mène pas toujours à un Happy End pour le héros. Mais quelque part dans cette histoire, il y a une petite lueur qui indique que l’objectif est atteint. Le lecteur appréciera cette lueur selon sa propre expérience de la vie.
Il percevra cette mince affirmation d’un succès, la comprendra t-il selon les intentions de l’auteur, cela dépendra du talent de ce dernier.
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