Les auteurs doivent connaître le genre qu’ils ont choisi avant et pendant le travail d’écriture ainsi que de s’assurer que leur copie finale corresponde encore au genre retenu.
La première distinction à faire au moment de se mettre à écrire est de savoir si l’on est dans la registre de la fiction ou si nous souhaitons plutôt se lancer dans l’écriture d’un documentaire.
Afin de bien nous comprendre, nous emploierons les termes et les définitions anglo-saxonnes.
Setting décrit le lieu où l’histoire et l’action prennent place.
Le thème (theme en anglais) se réfère aux problèmes ou concepts que l’histoire expose.
Par exemple, l’obésité est-elle un frein aux relations sociales ? pourrait être le thème développé dans une histoire. Même si l’intrigue ne l’explicite pas ouvertement, le thème est à l’origine de l’histoire, comme un support permanent qu’elle ne perd jamais de vue.
Mood correspond à la tonalité émotionnelle de votre histoire, à l’ambiance qui s’en dégage, cette dernière étant toujours une impression non raisonnée. Mood est un sentiment.
D’autres théories sont possibles (voir à ce sujet notre page sur Blake Snyder et sa théorie Save The Cat!).
Question de genre
Les genres et leur sous-genres ne forment pas un cadre rigoureux. Vous pourriez sans souci faire preuve d’originalité en adoptant une combinaison, un hybride fait à partir de genres et de sous-genres différents.
Par exemple, les comédies romantiques sont un sous-genre du genre beaucoup plus universel de la Love Story. Mais pourquoi ne pas essayer de lier une comédie romantique en utilisant un genre différent tel que celui de l’horreur..
Le terme de Genre est en fait quelque chose de très vague et il est avéré que la plupart des scénarios font appel à des genres et à des sous-genres multiples sans que cela nuise à leur bon fonctionnement.
Cependant, c’est peut-être là aussi le point faible. De cette multiplicité offerte à l’auteur, la puissance du scénario s’en trouve amoindrie. C’est assez flagrant dans les films d’horreur. Le genre horrifique est tellement vague que les auteurs font appel à des sous-genres de genres totalement différents pour soutenir leurs propos. L’horreur devient alors un prétexte pour vendre une comédie romantique, par exemple.
Pourquoi les scénarios doivent-ils être catégorisés ? Parce que le genre est le premier critère de choix. En combinant par exemple le genre horreur et le sous-genre de la comédie romantique, on étend l’audience possible d’un scénario (et du film qu’il contient).
Mais ce n’est pas tout. Les genres ou sous-genres si vous les maîtrisez correctement seront à même d’orienter le contenu de certains des événements qui se produiront dans votre intrigue.
Prenez la série des Twilight, Fantasy (le genre) et Romance (le sous-genre) se marie sans fausse note et permettent une histoire dont les nœuds dramatiques se résolvent dans l’un ou l’autre tout en apportant le sens nécessaire pour créer une histoire complète (Complete Story, un concept récurrent de Dramatica).
L’originalité de Twilight qui est aussi un des éléments de son succès tient à la réussite magistrale de la gestion imbriquée de genres et de sous-genres. N’hésitez pas à expérimenter vous-mêmes des combinaisons même celles qui vous paraissent les plus improbables.
L’expérience au service de la muse
Le cadre de cette expérimentation est à portée des auteurs. Regardez des films (et pas seulement pour le plaisir mais aussi pour apprendre d’eux) et notez les scènes qui vous procurent le plus de plaisir ou d’émotions. Essayez de comprendre pourquoi ces scènes vous émeut et lors de votre travail d’écriture, reproduisez ces scènes à votre manière.
Il ne s’agit pas de copier puis de coller ces scènes dans votre projet. Vous devez comprendre la structure. Vous devez comprendre comment cette scène a été préparée afin de provoquer chez vous une émotion puis de reproduire ce mécanisme dans votre propre histoire ou plus spécifiquement dans votre intrigue.
Comprenez bien que c’est le mécanisme qu’il vous faut comprendre et reproduire, pas la scène elle-même. il vous faut être créatif sans réinventer la roue.
Love Story ou Romance
Lorsque l’intrigue est centrée sur l’amour que se porte deux protagonistes, nous sommes dans le genre de la Love Story. Notez que nous employons le terme de protagoniste. Un protagoniste est un personnage dont une des fonctions dramatiques principales est de faire avancer l’intrigue.
Si votre histoire met en avant l’amour qui pourrait naître entre un mentor et le personnage principal (c’est possible mais cela ne s’avérerait pas très crédible dans les faits), ce ne serait pas une Love Story mais l’argument d’une B Story (une intrigue secondaire parallèle à l’intrigue principale).
Le thème de la Love Story est généralement celui de l’amour empêché, contrarié, impossible. Un des grands référents de la romance est Roméo et Juliette.
Bien que les histoires se réclamant de la Love Story sont assez similaires, la tonalité est chaque fois différente ou du moins varie grandement entre deux histoires. L’intention de l’auteur est de toujours rechercher une forte réaction émotionnelle chez son lecteur.
Parmi les exemples de Love Story, on peut citer Titanic de James Cameron, Le secret de Brokeback Mountain adapté de la nouvelle Brokeback Mountain d’Annie Proulx par Larry McMurtry et Diana Ossana et dirigé par Ang Lee, N’oublie Jamais adapté de Nicholas Sparks par Jan Sardi et dirigé par Nick Cassavetes, Her de Spike Jonze ou Ghost écrit par Bruce Joel Rubin réalisé par Jerry Zucker.
Parmi les mélanges de genres intéressants, nous pourrions citer Forrest Gump et Autant en emporte le vent dont la romance est merveilleusement tissée avec les événements historiques que décrivent chacune de ces deux histoires.
Les Love Story ou leurs sous-genres sont très souvent employés dans les peintures sociales comme le montrent les exemples cités. Le genre cherche systématiquement à créer un lien avec un contexte social grâce auquel il articulera son intrigue. Un exemple aussi écrit et réalisé par Michel Drach en 1970 est Elise et la vraie vie.
Le Drame Romantique
Le drame romantique est un sous-genre de la Romance. Il explore le côté le plus complexe d’une relation amoureuse. L’intrigue porte sur un obstacle apparemment insurmontable qui empêche que les deux personnages majeurs de l’histoire puissent pleinement vivre leur amour.
Cet obstacle se nourrit habituellement du thème de l’histoire. Il pourrait germer de la désapprobation des familles (le refus d’une relation interraciale, par exemple), d’amours interdites (une relation entre un professeur et son élève, par exemple).
Les drames romantiques ont une tendance à ne pas privilégier le Happy End et la relation se clôt sur une séparation (et la mort n’est pas exclue).
Titanic de James Cameron ou Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann pour rester avec DiCaprio sont de très bons exemples de drames romantiques traitant tous deux d’un premier amour impossible ou dans le cas de Gatsby se résolvant dans une désillusion.
Officier et Gentleman écrit par Douglas Day Stewart et réalisé par Taylor Hackford est un exemple typique des drames romantiques des années 80 et la relation entre Zack et Paula est minutieusement fouillée.
N’oublie Jamais démontre que la destinée d’un amour (ici sous la forme de la maladie d’Alzheimer) peut être aussi responsable de son empêchement.
La Comédie Romantique
Pour atteindre le cœur du lecteur, la comédie romantique combine une Love Story avec l’humour. La légèreté est de mise et l’intrigue consiste essentiellement à placer les deux amoureux dans les situations les plus cocasses pour tester l’amour qu’ils ont l’un envers l’autre. Dans les faits, la Comédie Romantique décrit une quête de cet amour et se conclut presque toujours sur une note positive.
La comédie a un avantage certain. Elle permet de donner chair à des idéaux. Elle décrit des tranches de vie imaginaires sans chercher à les asseoir dans la réalité. Dans la Comédie Romantique, l’idéal le plus souvent mis en exergue est l’amour véritable, le True Love.
Sous-genre de la Love Story, la Comédie Romantique semble pourtant être la forme dominante de nos jours. Son succès tient peut-être au fait qu’elle ne cherche plus à relier son intrigue à des événements ou un contexte historiques ou politiques mais plutôt qu’elle fore son intrigue dans la culture populaire.
Il s’agit probablement du contrecoup de décennies de Comédies Romantiques affichant les changements sociaux (libération des mœurs, les mouvements de défense des Droits des Noirs et des Gays, le droit à l’avortement, la généralisation décomplexée du divorce..) puis plus spécifiquement dans les années 80, servant de support à l’introspection et l’égocentrisme.
Quelques exemples typiques de la Comédie Romantique :
Pour le pire et pour le meilleur de James L. Brooks et Mark Andrus (1997), Vous avez un message de Nora et Delia Ephron (1998), Kate et Leopold de Steven Rogers et James Mangold (2001) qui propose un mélange de genres intéressant non pas pour faire de la comédie romantique un pamphlet mais bien pour l’ancrer dans une culture populaire actuelle, En Cloque, Mode d’emploi (2007) écrit, produit et réalisé par un des chantres de la Comédie Romantique (ou sentimentale ce qui revient au même) Judd Apatow, Playboy à saisir de Tom Dey (2006)…
Il existe aussi des titres comme Thelma et Louise où l’amitié remplace l’amour. Nous vous conseillons de vous reporter à notre article sur le Golden Fleece (et le point de vue de Blake Snyder sur les genres) pour une étude plus approfondie.