Une écriture confuse (et un lecteur s’en aperçoit dès les premières pages) est une des nombreuses raisons de l’échec d’un scénario.
Pourquoi un auteur n’est-il pas davantage conscient de la confusion de sa prose ? Simplement parce qu’il s’est persuadé que ce qui est clair dans sa tête (après tout, il y a tellement mis de matière grise) doit l’être nécessairement pour le lecteur.
C’est évidemment faux.
Si un scénario contient deux ou trois moments confus dès le premier acte, le scénario est mort.
Simplement parce que le lecteur se sentira perdu et qu’il n’aura nulle envie de continuer sa lecture.
Des détails qui comptent
Les détails sont ce qui constituent votre scénario. Bien sûr que le lecteur comprendra ce qui se passe, mais les détails vont lui échapper.
Voici quelques recommandations qui peuvent vous aider à éviter cet écueil.
Un objectif clair et distinct
Un des moyens d’écrire une histoire claire est de fixer dès le premier acte un objectif central pour votre personnage principal.
Votre héros doit être à la poursuite d’une chose et d’une seule comme Indiana Jones dont le but est de trouver l’Arche d’Alliance avant les nazis.
Dans Une seconde chance de Randy Brown, il est établi dès le premier acte que Gus Lobel doit trouver un joueur pour les Braves ou perdre son job.
En suivant dès le départ l’objectif de votre personnage (sans en changer en cours de route), vous résoudrez la plupart des problèmes de clarté qui pourraient apparaître au cours du récit.
S’il doit y avoir un changement, ce sera celui de la personnalité de votre personnage.
Voici ce que dit Peter Russell sur l’évolution du personnage :
PETER RUSSELL : EVOLUTION DU PERSONNAGE
Et Michael Hauge sur le parcours intérieur du personnage :
LE PARCOURS INTERIEUR DU PERSONNAGE
Les intrigues secondaires
La tendance est grande d’ajouter des intrigues secondaires. Mais pour que le lecteur les apprécie, il faut qu’elles soient liées d’une manière ou d’une autre à votre intrigue principale.
Si les intrigues secondaires sont séparées de la ligne dramatique majeure de votre fiction, le lecteur se demandera ce qu’elles signifient.
Ce type de questionnement n’est pas souhaitable. Car il va détourner le lecteur de l’histoire.
Les intrigues secondaires sont souvent nécessaires mais elles doivent renvoyées à l’intrigue principale.
A lire à ce sujet :
. DU BON USAGE DE L’INTRIGUE SECONDAIRE
. L’INTRIGUE PRINCIPALE & L’INTRIGUE SECONDAIRE
Des personnages inutiles
Ne vous embarrassez pas de personnages qui ont peu d’effet sur l’intrigue. Plus il y a de personnages dans une intrigue et moins le lecteur peut les suivre.
Il confond les fonctions des personnages. Il ne sait plus qui est aligné avec qui et les oublie carrément.
Trop de personnages ajoute à la confusion du lecteur.
Pour vous aider à y voir clair, nous vous conseillons la lecture de
VOTRE SCENARIO ETAPE PAR ETAPE
Et si vous avez le courage de vous y atteler, la théorie narrative Dramatica vous sera d’une grande aide au cours de votre processus d’écriture.
DRAMATICA : LA THEORIE EXPLIQUEE
Récapitulations
Elles sont nécessaires pour permettre à votre lecteur de garder en mémoire l’objectif du héros.
Elles servent aussi à faire un point sur la situation actuelle de l’histoire.
Selon la complexité de celle-ci, vous pouvez sans dommage pour l’intrigue prévoir entre deux et six scènes de récapitulation.
Gardez en tête que ce qui se passe et pourquoi à n’importe quel moment est toujours utile pour le lecteur même si vous avez le sentiment que vous risquez de perturber le rythme de votre histoire.
A lire :
. TOY STORY : LA SEQUENCE, UNITE STRUCTURELLE (3)
. LES SCENES DE RECAPITULATION
Pas de flashback
Ni de flashforward, ni de séquences de rêves.
Du moins, si votre histoire ne l’exige pas. Le flashback ou le flashforward (qui consiste à montrer des événements futurs) et les séquences oniriques doivent être maîtrisés.
S’ils apparaissent aléatoirement sans être clairement notés ou spécifiés, c’est une garantie de totale confusion. Vous soulèverez plus de questions que vous n’apporterez de réponses.
La meilleure solution est de rester dans le présent narratif. Vous racontez votre histoire au présent quelque soit l’époque dans laquelle elle se situe.
Nous vous conseillons la lecture de
LIEU, EPOQUE & STYLE DE VOTRE MONDE
Par contre, bien employé, le flashback est un outil narratif efficace comme dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind.
La légitimité des scènes
Une scène doit avoir un but dans l »ensemble. On ne peut se contenter d’en écrire une juste parce qu’elle vient de surgir dans votre esprit.
Elle doit répondre à trois critères :
- Son objectif.
Une scène doit être justifiée par un objectif. Par exemple, deux de vos personnages doivent se rencontrer. La scène a un but : c’est une rencontre. - Elle doit faire avancer l’histoire.
En d’autres termes, elle doit rapprocher votre héros de son objectif principal. Par exemple, l’objectif de Indiana Jones est l’Arche d’Alliance.
Mais pourquoi doit-il rencontrer Marion ? Parce qu’elle détient un morceau du puzzle. En se procurant cette pièce primordiale, Indy se rapproche de l’Arche.
Si elle ne possédait pas cette pièce, cette rencontre ne serait pas justifiée puisqu’elle ne fait pas avancer l’histoire. - Tous les personnages présents doivent avoir leur propre objectif.
Indy veut récupérer la pièce du puzzle.
Marion ne veut pas qu’il l’obtienne.
En vous assurant au moins de ces trois critères, chaque scène que vous écrirez fera sens dans l’histoire.
Et maintiendra le lecteur dans l’action.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur les scènes, nous vous conseillons de suivre cette série d’articles :
SCENES & DIALOGUES
Une bonne distribution de l’information
Pour comprendre ce qui se passe, le lecteur doit posséder les bonnes informations. Si le héros pénètre dans une maison où l’attend le méchant de l’histoire, il peut très bien ignorer sa présence.
Mais le lecteur doit le savoir. C’est une ironie dramatique.
Sans aller jusqu’à l’ironie, il est important de spécifier les choses. Une scène doit se dérouler dans un bar. Le lecteur ne devrait pas se demander si le bar est plein de monde ou non.
C’est à l’auteur de le lui dire.
Ce sont des informations basiques mais elles sont nécessaires à l’immersion dans l’atmosphère de la scène. Si la scène, par exemple, est une rencontre dans un bar, la première chose à introduire est l’ambiance de ce bar.
Le principe est ne pas laisser le lecteur errer d’hypothèse en hypothèse. Si deux personnages discutent d’un troisième larron qui se trouve dans la pièce d’à-côté, il y a deux options : soit ce troisième larron entend ce qui se dit sur lui, soit il est hors de portée.
Selon l’intention de l’auteur, le lecteur doit comprendre s’il entend ou pas. Sinon, il va se poser une question qui n’a rien de diégétique. Seules des questions dramatiques doivent occuper l’esprit du lecteur.
S’il se pose la question de savoir si le troisième personnage a entendu ou pas ce qu’il se disait sur lui et si cela n’est d’aucune importance pour l’intrigue, il faut revoir la scène.
N’assumez jamais les choses pour votre lecteur. Montrez-lui ce qu’il doit savoir même si cela vous semble évident.
En conclusion
Faites lire votre scénario à quelqu’un d’impartial qui ne cherchera pas à vous flatter et pourrait vous aider à traquer ce qui peut mener à la confusion du lecteur.
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