Nous aimons préconiser, avant de se lancer tête baissée dans le processus d’écriture, de planifier l’histoire que l’on s’apprête à écrire.
On peut le faire avec un synopsis détaillé ou en jalonnant son histoire avec des nœuds dramatiques comme l’incident déclencheur, le point médian, la fin de l’acte Deux…
On peut aussi tenter de donner une forme à son récit en commençant par définir quelques éléments dramatiques.
L’étape de la planification est peut-être la plus excitante. C’est un temps de réflexion, de brainstorming, de recherches et de découvertes.
La première chose à faire avant même de planifier son récit, c’est de questionner ses propres intentions de l’écrire.
Pourquoi voulez-vous écrire cette histoire ?
Pourquoi pensez-vous que c’est important ?
Steve Alcorn parle de passion. Pas seulement celles qui animeront vos personnages, mais aussi et peut-être surtout celle qui vous pousse inexorablement à écrire.
Cette folle passion que vous allez mettre dans votre écriture et qui suintera jusque dans l’âme du lecteur.
Pour vérifier cette passion sur un sujet que vous souhaitez aborder, écrivez une phrase (seulement une) qui décrirait pourquoi vous voulez écrire une histoire sur ce sujet.
Qu’est-ce que vous aimez dans ce sujet qui vous incite tant à vouloir écrire une histoire à son propos ? Cette toute première étape vous facilitera le travail par la suite.
Élément dramatique : le thème
Aller à la rencontre de son envie d’écrire permet de déterminer le thème. Considérons le thème comme votre message. Ce message précise votre propre motivation à écrire.
il est bon d’exprimer ce thème en peu de mots (la concision aidant à formuler ce que l’on a à dire).
Nous vous invitons à lire quelques articles qui devraient vous permettre d’appréhender un peu mieux votre thème :
QUESTIONS D’INTRIGUE
Sinon voici quelques exemples de thèmes que l’on retrouve assez souvent. Gardez à l’esprit que la répétition n’est pas une imitation trait pour trait. Un thème peut être visité de multiples façons.
- Le sacrifice
- La relation à la mort
- L’assurance de soi, l’amitié, la confiance en l’autre, l’humilité
- Les problèmes d’identité (c’est un cran au-dessus de la confiance en soi)
- Les préjugés
- L’écologie et les problèmes environnementaux, les manipulations génétiques
- Le destin, le libre-arbitre
- …
Parmi tous les thèmes que vous avez l’intention d’aborder dans votre histoire, l’un d’entre eux devra être celui qui se liera aux autres éléments dramatiques.
Élément dramatique : La faille du personnage
La meilleure façon d’introduire votre thème est de caractériser votre personnage principal avec un défaut dans sa personnalité. Cette faille représentera l’exacte opposé de votre thème.
Si votre thème est par exemple l’importance pour l’homme d’être un individu responsable, votre personnage principal sera affublé au début de l’histoire d’un défaut, d’un trait de caractère qui fait qu’il a une tendance à agir de manière irresponsable. Il n’est pas mâture.
Au cours de son parcours cependant, il connaîtra ce qu’on peut appeler un changement émotionnel. Il va comprendre des choses dans son for intérieur qui le fera devenir (c’est un mouvement connu sous le nom d’arc dramatique) d’individu irresponsable à un être responsable.
Il aura grandi de ses expériences, en d’autres termes, il sera devenu meilleur.
Le lecteur alors expérimente par personnage interposé la prise de conscience du héros et entend votre message sur l’importance de la responsabilité. Donc retenez qu’il est bon pour votre histoire de communiquer votre thème en créant une faiblesse chez le héros qui soit l’exacte opposé du thème, qui contraste le thème.
Gardez en tête que ces conseils sont des présuppositions. Vous pourriez être d’un avis différent (le terrain des commentaires vous est ouvert sans restriction).
Définir un personnage en commençant par ce qui ne va pas chez lui peut paraître étrange mais cet attribut que vous allez lui donner est ce qui va le rendre intéressant aux yeux du lecteur.
Un personnage a besoin d’une faille dans sa personnalité qu’il devra surmonter au cours de son aventure. S’il est parfait dès le début de l’histoire, il n’a aucune raison de changer et le lecteur s’ennuiera à le voir gesticuler sans but. Si vous ne donnez pas la possibilité d’un parcours émotionnel à votre personnage principal, il n’y aura pas vraiment d’histoire.
Ce qui importe
Ce que vous allez raconter, c’est la tranche de vie d’un personnage, par exemple le protagoniste. La fonction d’un protagoniste est de fournir un effort volontaire et inexorable dans le but d’obtenir quelque chose. Il aura bien entendu une mission à accomplir (mission qu’il peut ou pas réussir, ce n’est pas ce qui importe).
Ce qui importe, le principe vital de ce personnage, est qu’il parvienne à surmonter le problème qui l’assaille de l’intérieur. Vous noterez d’ailleurs qu’il est inutile d’espérer que votre héros réussisse sa mission si, au préalable, il n’est pas parvenu à renverser l’obstacle qui l’empêche d’avancer dans sa vie, qui l’empêche de s’accomplir pleinement.
Et cet obstacle, c’est lui-même.
Un protagoniste est un personnage qui mène l’action. Tout ce qui se passe dans l’histoire est le fait du protagoniste. Chaque événement de l’intrigue existe de manière inhérente à votre protagoniste.
Ces événements n’existent que pour donner du fil à retordre au protagoniste dans sa tentative de réussir son objectif extérieur, sa mission dans l’histoire que les anglo-saxons nomment Physical Journey (physique parce que extérieur au personnage).
Maintenant, chaque réaction aux événements, la façon dont réagit votre héros aux actions qu’il a initiées (même si elles ne sont pas de son fait, elles sont dirigées contre lui) s’ajoute ou décrit son parcours émotionnel.
Si vous avez des idées d’actions et de réactions qui ne correspondent pas à ce schéma, il serait peut-être bon de considérer si elles vous sont vraiment utiles (nous considérons que vous n’écrivez pas un roman mais un scénario et que votre espace d’expression est limitée par la nature même de votre projet).
Maintenant que votre personnage principal s’est fixé un objectif, il serait trop facile et ennuyeux s’il n’y avait pas un autre personnage pour s’opposer à la volonté de votre héros. Votre protagoniste a besoin de quelqu’un pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Et celui qui va venir s’opposer au protagoniste est l’antagoniste
La fonction de l’antagoniste étant essentiellement un acte d’opposition, cet antagoniste peut prendre n’importe quelle forme : institution politique ou religieuse, nature ou la société elle-même mais vous aurez une bien meilleure réception de votre lecteur si vous prenez soin d’incarner l’antagoniste s’il est censé représenter une entité qui dépasse sa personnification.
L’antagoniste n’a pas non plus obligation de se montrer violent envers le protagoniste. Son objectif personnel est de saper les intentions du héros. Il a donc à sa disposition tous les moyens qu’il souhaite.
Notez aussi que le protagoniste est un personnage qui veut atteindre un objectif alors que l’antagoniste ne veut pas qu’il atteigne cet objectif, donc, bien qu’on ait l’habitude de mentionner le méchant de l’histoire, les notions de bon et de méchant ne peuvent servir à qualifier ces deux personnages.
Dans la construction de votre personnage principal, choisissez une faille qui empêche votre héros de résoudre immédiatement son problème. Vous pourrez lui en attribuer plusieurs si vous le souhaitez mais déterminez-en une et une seule qui permettra de structurer l’histoire autour d’elle.
Ne confondez pas faille, comportement et émotion : se plaindre d’une injustice est un comportement, être en colère à la suite de cette injustice est une émotion.
La faille dont le comportement et l’émotion sont originaires est un symptôme d’un problème bien plus profond et la question à se poser est pourquoi un personnage ressent un événement comme une injustice. Généralement, on trouve la réponse dans le passé et plus précisément dans l’enfance du personnage.
Quelques exemples de failles qui fonctionnent bien :
- Manque de confiance en soi : le personnage doute de ses aptitudes.
- Manque d’estime de soi : le personnage doute de sa valeur.
- L’insécurité : le personnage se complaît dans une situation difficile et ne sait pas comment en sortir. Il se résigne tout en sachant que sa situation ne lui apportera jamais le bonheur.
- Naïveté (comme d’accepter le monde tel qu’il est sans jamais vouloir le remettre en cause)
- Inaptitude à sortir du passé.
- Inaptitude à faire face au passé.
- Préjugés.
- Entêtement.
- …
Quelque soit votre thème, choisissez une faille qui le contredise. Par exemple, si votre thème est relatif au racisme banal, vous pourriez attribuer à votre personnage principal des préjugés qui l’empêchent de voir en cet autre d’une race différente la possibilité d’une vraie relation qui pourrait lui donner un sens à sa vie.
Il apprendra donc au cours de l’histoire à se débarrasser de ses préjugés.
Élément dramatique : la prémisse
Une fois que vous savez pourquoi vous voulez écrire sur un thème particulier et que vous ayez créé un personnage qui présente un défaut de fabrication, vous allez définir une prémisse en assemblant ces éléments.
La prémisse est une phrase qui énonce le propos de votre histoire.
Un modèle de prémisse efficace :
Et si un personnage avec un défaut dans sa personnalité avait un problème et devait surmonter ce défaut pour résoudre son problème.
Prenons pour exemple Avatar :
Et si un G.I. handicapé et égocentrique prêt à tout pour recouvrer l’usage de ses jambes découvrait que certaines choses sont plus importantes que lui-même ?
Notez que découvrir est un verbe d’action et que l’action, par déduction logique, prédit une dynamique conflictuelle. Les décisions du personnage vont venir confronter une réaction souvent émotionnelle et le jeu entre l’action et la réaction est source de tension, de suspense, de conflit.
En intégrant un protagoniste, sa faille et le problème en une seule phrase, il vous sera assez facile d’exprimer avec concision et précision le propos de votre histoire, ce dont elle parle.
Cela vous fournira aussi une lucidité qui vous servira tout au long du processus d’écriture.
Au reste, il n’y a pas tellement de prémisses différentes. Beaucoup se ressemblent, mais cependant, il y a une infinité d’intrigues possibles.
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