DRAMATICA : L’ARCHETYPE

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La théorie narrative Dramatica a défini 8 archétypes qu’un auteur peut utiliser pour créer ses principaux personnages. Les archétypes ont l’avantage d’être facilement reconnaissables par un lecteur et un auteur les utilise pour mettre l’emphase sur l’intrigue ou pour appuyer son thème.

Le travail de l’auteur n’est pas seulement de prendre l’archétype tel qu’il se présente. Un archétype est la base qui permet de structurer la personnalité fondamentale d’un personnage. A partir de cette base, il doit développer ses personnages suffisamment pour les rendre réels.

Pour Dramatica, il y a 8 archétypes :

  • Le protagoniste
  • L’antagoniste
  • Reason
  • Emotion
  • Sidekick
  • Skeptic
  • Guardian
  • Contagonist
Le protagoniste

Le protagoniste est le plus connu des archétypes. Il est le moteur du Story Goal et le principal intéressé par celui-ci. La fonction dramatique principale du protagoniste est de réussir l’objectif qu’il s’est fixé.

Les auteurs de Dramatica ont élaboré leur théorie sur une analogie avec notre cerveau et plus précisément avec nos processus de résolution de problèmes. C’est ainsi que l’archétype du protagoniste peut être comparé à notre initiative : c’est lui qui force l’action, il est la source et la cible des actions.

Le protagoniste (lorsqu’il est aussi le personnage principal de l’histoire) est le personnage pour qui le lecteur a le plus d’empathie. Le lecteur craint et espère pour lui. Il est le vecteur d’identification, de reconnaissance le plus performant.

Dramatica identifie certains éléments qui caractérisent un protagoniste :

L’esprit d’initiative (pursuit)

Cette caractéristique autorise le protagoniste à déterminer exactement ce qu’il a absolument besoin de concrétiser et d’emprunter la voie la plus directe pour y parvenir. Cet esprit d’initiative force l’admiration que ce soit celle du lecteur ou des autres personnages de l’histoire.

Cependant, rien n’oblige un auteur à fixer des objectifs de haute valeur morale. Le protagoniste pourrait tout aussi bien diriger ses efforts vers des buts inavouables ou blessants pour lui-même ou bien les autres.

En respectant le processus de résolution de problèmes cher à Dramatica, l’esprit d’initiative dont fait preuve le protagoniste pourrait tout aussi bien être orienté vers l’évitement d’un problème qu’il devrait pourtant prendre en charge.

La considération (consider)

Cette caractéristique permet au protagoniste de mesurer, de considérer le problème, d’en peser le pour et le contre. Il ne cesse de réfléchir au problème, le retournant en tous sens dans son esprit.

Lorsqu’il s’empare d’un sujet, il ne le lâche pas tant qu’il n’y a pas apporté une réponse. Le personnage est vraiment déterminé à résoudre ce qui le préoccupe. Ainsi, ses motivations sont toujours vives, elles ne s’érodent pas au cours de l’histoire. C’est un trait dramatique important d’un protagoniste.

Cependant, cette caractéristique peut aveugler le protagoniste et le pousser à agir mal, envers lui-même ou les autres.
Cette détermination offre aussi au protagoniste un pouvoir de décision. En effet, cette volonté farouche de trouver une solution à un problème lui confère le pouvoir de convaincre les autres personnages de la nécessité impérieuse de réussir l’objectif.

Le principe de réalité (actuality)

Le principe de réalité permet au protagoniste de voir les choses pour ce qu’elles sont. Puisque Dramatica voit une analogie entre une histoire et le processus de résolution de problèmes que nous vivons tous, les conflits (le terme employé par Dramatica pour désigner les conflits est inequities ce qui étend le concept aux notions d’injustices, d’inégalités peut-être plus proches de ce que ressent le protagoniste en prise avec un conflit) devraient être vus de l’intérieur ou de l’extérieur.

En d’autres termes, le conflit apparaît différemment selon le point de vue adopté. Le protagoniste adopte le principe de réalité c’est-à-dire qu’il a une vue objective du conflit. Il perçoit les choses telles qu’elles sont. Celles-ci ne sont pas filtrées. Il n’est pas affecté par les faux-semblants. Il a la capacité de connaître les choses, d’aller au cœur de celles-ci.

Cependant, ne confondez pas cette vue objective des conflits avec le point de vue subjectif du personnage principal (le protagoniste) sur l’histoire elle-même. Les deux points de vue sont différents.
Ce principe de réalité lui fait refuser ce qui est apparemment acquis d’avance tant que les choses ne sont pas matérialisées, concrètes. Il ne s’agit pas d’une méfiance innée du personnage, c’est simplement un être pratique qui a besoin de toucher les choses avant d’être convaincu de leur réalité, de leur authenticité.

Pour le protagoniste, la matière est chargée de sens. Lorsque le principe de réalité est fort chez ce personnage, il échappe quelque peu à toute forme de spiritualité. Si vous souhaitez cependant créer un personnage mystique ou pieux comme protagoniste, il vous faudra minorer le principe de réalité ou l’utiliser pour créer un conflit interne chez le personnage.
Chez un personnage, le principe de réalité s’oppose dynamiquement à la perception des choses. Celle-ci étant par définition une vue subjective des choses.

L’expérience personnelle (knowledge)

Cette caractéristique permet au protagoniste de se fier à ses expériences, de considérer donc certains faits nouveaux comme vrais parce qu’il a l’expérience de ces faits (ou de faits similaires).

Donc face à un problème, le protagoniste ira chercher dans ses souvenirs, dans son esprit, les informations qui lui permettront de trouver des liens parallèles, des éléments de comparaison qui lui fourniront une meilleure compréhension des données actuelles du problème.

Cela lui donne un avantage certain. Et il n’a pas besoin d’apprendre pour résoudre un problème puisqu’il en a déjà l’expérience. Il sait comment résoudre le problème.
Mais l’inconvénient d’être ainsi dépendant de ses propres expériences lorsqu’il s’agit de trouver des réponses à ses problèmes, c’est que les expériences peuvent être erronées ou mal interprétées.

L’expérience s’oppose dynamiquement à la réflexion. Soit on se réfère à son expérience, soit on se livre à une réflexion pour trouver des solutions. Un recours systématique a l’expérience (qu’elle soit personnelle ou non) peut conduire à des actions non adaptées à la situation et mener le protagoniste sur des voies détournées, l’éloignant de son objectif.

L’expérience est aussi source d’inflexibilité et d’aveuglement chez le protagoniste. La vérité du personnage pourrait alors entrer en conflit avec les personnalités des autres personnages.
Plus l’expérience personnelle est forte chez un personnage, et plus elle ajoute d’épaisseur et de distorsion dans sa façon d’affronter, de comprendre et de résoudre les problèmes.

L’ expérience collective (proven)

Le protagoniste ne se réfère plus à son expérience personnelle mais à l’expérience collective pour juger de la véracité des faits. Lorsqu’une expérience a été partagée un nombre suffisant de fois par un nombre suffisant de personnes, elle est alors considérée comme vraie.

C’est donc sur la base de cette expérience collective que le protagoniste entreprendra les actions qui devraient lui permettre de résoudre son problème. Un personnage qui illustre cette caractéristique dans sa personnalité jugera vrai seulement ce qui a été vérifié par autrui.

Il est ainsi méfiant envers les rumeurs non fondées et même devant des preuves ou des conclusions évidentes qui ne s’avèrent pas légitimes en regard des statistiques. Si votre protagoniste est un enquêteur ou doit résoudre une énigme, ce trait dans sa personnalité peut l’amener à prendre des décisions qui orientent radicalement l’intrigue dans une autre direction.

L’inconvénient avec une telle caractéristique est qu’elle ne permet pas d’évaluer correctement un événement ou une situation. Puisqu’on assume que statistiquement un fait est prouvé, on ne recherche plus les exceptions possibles.
Et puisqu’il faut une exception pour confirmer la règle et que le protagoniste ne peut ou ne veut la voir, il risque d’emprunter une bifurcation qui va l’éloigner de son objectif.

En se fiant aux informations statistiques, le protagoniste entretient une certaine passivité. Il ne remet pas en question les faits. Cela peut alors le conduire à un conflit personnel et l’amener à tester par ses propres moyens la véracité des faits connus.

La certitude (certainty)

Cette caractéristique lorsqu’elle est illustrée dans la personnalité d’un personnage insinue que celui-ci ne prendra aucun risque. Il lui faut être absolument sûr avant de prendre une décision ou bien il vérifiera deux fois une information avant de l’accepter pour vraie.

Le moindre doute le paralyse littéralement. Ce trait dans la personnalité du protagoniste peut lui nuire parfois car à force d’hésiter, il risque de passer à côté de certaines occasions qui lui auraient pourtant été profitables.

Mais cela insuffle aussi dans le personnage une force de conviction rare. Cette certitude lui procure par ailleurs une énergie rageuse à réussir son objectif. Cette détermination qui résiste à toutes les épreuves en fait un personnage attachant qui peut pousser le protagoniste dans ses derniers retranchements et à découvrir en lui-même et par lui-même une force insoupçonnée.

Proactif (proaction)

Un personnage proactif va anticiper les problèmes avant même qu’ils ne se produisent. L’inconvénient de ce type de comportement est qu’un problème virtuel ne se matérialise pas toujours.
Le protagoniste va alors provoquer la situation et forcer l’apparition du problème alors que celui-ci aurait pu se dissoudre de lui-même dans la néant de la narration.

En d’autres termes, le protagoniste recherche les problèmes. Il entre dans des conflits inutiles sans atteindre le cœur du problème. Ces conflits non nécessaires peuvent alors conduire le protagoniste (contre sa volonté) à blesser des personnes innocentes. Un caractère proactif peut parfois favoriser les desseins de l’antagoniste.

Un personnage proactif a une approche assez péremptoire des situations. C’est le style de personne qui tire en premier et qui discute ensuite.
Son objectif reste sa priorité majeure. Le protagoniste proactif ne tergiverse pas pour l’atteindre. Il n’hésite pas à bouleverser un environnement apparemment stable si cela peut l’aider à accomplir son objectif. Vous avez un excellent exemple avec Axel Foley qui prend un malin plaisir à semer le trouble partout où il va.

L’ antagoniste

L’antagoniste est le personnage directement opposé au protagoniste. il représente le problème qui doit être résolu ou surmonté par le protagoniste afin que celui-ci parvienne à atteindre son objectif.
Dramatica compare l’antagoniste à notre réticence à changer. C’est le désir de laisser les choses telles qu’elles sont ou de les renvoyer à un état antérieur.
Il arrive parfois que le protagoniste soit obligé d’intervenir pour stopper les agissements d’un antagoniste.

Dramatica insiste sur un personnage qu’il dénomme « Influence Character« . La fonction de ce personnage consiste à détourner le protagoniste de son objectif, à lui faire prendre des voies qui vont retarder le protagoniste dans l’accomplissement de son but.
En d’autres termes, l’Influence Character influence le protagoniste pour qu’ils prennent des décisions qui ne lui sont pas profitables.

Alors que l’antagoniste cherche à empêcher le protagoniste d’atteindre son objectif, l’Influence Character ne cherche pas à lui nuire mais seulement à le convaincre que le point de vue de l’Influence Character prévaut. L’Influence Character va tenter d’obliquer le point de vue du protagoniste pour le plier à son propre point de vue.
Lorsqu’un Influence Character est présent, la fonction de l’antagoniste est mieux mise en valeur évitant ainsi à l’auteur de tomber dans le stéréotype méchant contre héros.

Alors que le protagoniste tente de convaincre les autres personnages de se rallier à sa cause, l’antagoniste essaie par sa force de conviction, par son pouvoir décisionnaire sur les événements (généralement, l’antagoniste possède de réels avantages sur le protagoniste) de convaincre les autres personnages de la vanité du but du protagoniste.
Il les incite à reconsidérer la nécessité pour eux d’aider le protagoniste dans sa quête.

Toujours par analogie entre une histoire et le processus de résolution de problèmes de l’esprit humain, l’antagoniste représente un système de croyances et des désirs conflictuels avec ceux du protagoniste.

La relation entre le protagoniste et l’antagoniste illustre les fonctions dramatiques de base de conflits et de désirs. Cependant au niveau de l’intérêt narratif, décrire l’arc dramatique d’un antagoniste ajoute peu à l’histoire.
Les lignes dramatiques les plus intéressantes sont celles du protagoniste, de l’Influence Character, de la relation entre eux deux et la ligne dramatique générale de l’histoire (la manière dont elle évolue).

Reason & Emotion

La description des conflits entre le protagoniste et son antagoniste n’est pas suffisante pour créer une bonne histoire. D’autres personnages (ou archétypes) sont nécessaires.

Les personnages issus des archétypes basés sur la raison et l’émotion sont parmi ceux-ci.
L’archétype de la raison décrit un personnage calme, serein offrant parfois une froideur apparente. Il prend des décisions et agit conformément à la logique. Il évalue les situations sans jamais se passionner ou s’impliquer émotionnellement. C’est un personnage avec lequel le lecteur a souvent peu de repères sur lesquels s’appuyer pour s’identifier ou reconnaître des expériences de vie communes.

Un exemple marquant est Spock. Mais comme pour tous les archétypes, vous pouvez les colorer et leur insuffler des caractéristiques pour les rendre plus captivants. Même Spock connaît des périodes de doute et n’hésite pas à questionner sa logique.

Les auteurs, d’ailleurs, retravaillent assez couramment la personnalité de cet archétype afin de rechercher l’empathie du lecteur envers lui. Il est intéressant de noter que c’est le trait de personnalité le plus évident de l’émotion (à savoir la perte de contrôle) qui est greffée sur le personnage raisonnable.
Réciproquement, l’émotion reçoit un contrôle faisant de lui un personnage hautement passionné, certes, mais gardant un certain contrôle dans ses actions.

L’émotion et son archétype

Face à la raison, un archétype basé sur les émotions apparaît frénétique, désorganisé. Alors que la raison cache ses sentiments voire les refoule, le personnage qui illustre l’émotion est tout guidé par ses sentiments.

Les passions l’emportent chez un personnage structuré par ses émotions. Il réagit passionnément aux événements sans en mesurer les conséquences et sans nécessairement faire les bons choix.

L’image de leurs personnages construits à partir de l’émotion que renvoie les auteurs est souvent celle d’un gueulard ou d’un trouillard. Mais au fond, ce personnage est loin d’être stupide. Il ressent simplement les événements à fleur de peau.

Certains auteurs emploie l’émotion comme un cheval de Troie en l’expédiant dans le camp ennemi afin que l’énergie qu’il dépense souvent inutilement le soit au détriment du camp adverse.
Il faut comprendre que la raison et l’émotion ne sont pas rivaux. L’un n’est pas meilleur que l’autre. L’archétype ne fait que cristalliser chez le personnage qui le représente une tendance. Comme tous les personnages, les archétypes de l’émotion et de la raison ont leurs propres forces et faiblesses.

Selon le contexte dans lequel ils se trouvent, l’un des archétypes saura mieux gérer la situation sans pour autant dénigrer l’autre personnage ou induire que l’un des archétypes est meilleur quelle que soit la situation.

Dans sa vie de tous les jours, le personnage construit sur l’émotion a le cœur sur la main. Il est certes prompt à se mettre en colère mais est doué d’une compassion qui fait défaut à l’archétype de la raison. Par sa nature même, l’archétype de l’émotion contrôle difficilement son énergie avec pour conséquences, un personnage qui fait feu de tout bois et gaspille cette énergie en vains efforts. Il tourne en rond et n’aboutit à rien.

Par contraste, l’archétype de la raison semble manquer d’humanité. Cette froideur n’est cependant pas un défaut, c’est seulement sa manière à lui de fonctionner.
Les plans qu’il élabore sont très fouillés mais, du fait de la distance qu’il entretient vis-à-vis des autres, il a quelques difficultés à convaincre qu’on le suive. Tout comme l’émotion, la raison en vient à gaspiller son énergie souvent parce que le personnage est incapable de comprendre et de tenir compte des besoins et des sentiments des autres.
Il lui arrive aussi de braquer les autres contre lui en les blessant involontairement dans leur amour-propre.

Du point de vue de l’analogie entre l’esprit humain et une histoire, les personnages construits sur les archétypes de l’émotion et de la raison illustrent les conflits sur le choix des actions et des décisions à prendre. Ces archétypes personnifient les délibérations que chacun d’entre nous connaissent entre l’intellect et le cœur au moment de faire des choix.

Sidekick & Skeptic

Le sidekick et le sceptique représente le conflit entre la confiance et le doute dans notre processus de résolution des problèmes (que l’on rencontre tous les jours).
Le sidekick est l’ami sincère du protagoniste. Cependant, certains auteurs le place du côté de l’antagoniste. Il devient alors l’ami fidèle de ce dernier.

La fonction du sidekick est de montrer un support indéfectible envers un personnage mais ce personnage n’est pas désigné par cette fonction. D’ailleurs, rien n’oblige un sidekick d’apporter son soutien à un personnage, cela peut être n’importe quelle entité. Rien ne l’oblige d’être attaché au protagoniste ou à l’antagoniste.

C’est votre histoire en fin de compte qui déterminera auprès de qui ou de quoi, le sidekick devra apporter son soutien. Ce qu’il faut retenir de lui est cette qualité unique de soutien qu’il possède et qu’il met au service auprès de qui ou de quoi votre histoire décidera.

En fait, lorsque le sidekick est utilisé comme outil dramatique auprès du protagoniste, il reflète les intentions de l’auteur. En effet, l’auteur se transfère dans le sidekick.
A travers lui, l’auteur dévoile ses véritables intentions. Les effets secondaires de ce transfert peuvent être étonnants car si le protagoniste est forcé d’agir contre les valeurs morales du sidekick, celui-ci peut se détourner du protagoniste.

Lorsque les besoins de l’histoire ont placé le sidekick dans l’aire du protagoniste, le sidekick ne se retournera jamais contre lui mais rien ne l’empêche de s’éloigner de lui s’il considère que les actions du protagoniste sont immorales ou décevantes.

L’archétype du Skeptic

Le sidekick est contrebalancé par l’archétype du Skeptic. Pour définir Skeptic, on peut dire que le sceptique oppose l’incrédulité à la foi.
Là où le sidekick soutient, le sceptique s’oppose. En fait, par sa nature même, le sceptique est contre tout. C’est un empêcheur de tourner en rond. Un bon exemple de Skeptic est Han Solo de Star Wars.

Une des fonctions de cet archétype est de mettre le doigt sur ce qui peut conduire le protagoniste à échouer. Un des traits de caractère majeurs du sceptique est le principe de prudence. Un principe qui peut venir en conflit avec le principe de réalité du protagoniste.

Cependant, le sceptique n’est pas un antagoniste. Il souhaite voir le protagoniste réussir son objectif. Il pense simplement qu’il ne fait pas  ce qu’il faut, qu’il se trompe sur la manière d’y parvenir. Étrangement, il ne propose pas vraiment de solutions alternatives.

En cela, il est différent d’un Influence Character qui va véritablement influencer le comportement du protagoniste. Le sceptique émet des objections, rappelle à l’ordre, fait parfois montre de mauvaise grâce mais cela n’entrave pas la marche du protagoniste.
Ce qui est intéressant avec un Skeptic, c’est que lorsque le protagoniste effectivement emprunte une mauvaise voie (après tout, il n’est pas censé réussir toutes les épreuves qui lui sont imposées), les allégations du sceptique sont justes.

Comme pour le sidekick, Skeptic n’est pas obligatoirement du côté du protagoniste. Un personnage issu du même archétype peut se retrouver aux côtés de l’antagoniste. Sa fonction est alors la même et il critiquera la soit-disant toute-puissance de l’antagoniste et perturbera ses initiatives contre le protagoniste.

Par contraste, la nature du sidekick le pousse à voir le bon côté des choses. Il pointe vers les éléments qui mènent au succès de l’objectif du protagoniste. Paradoxalement, un personnage trop optimiste pourrait heurter aussi le principe de réalité du protagoniste.
Les interactions entre le sidekick et le sceptique permettent d’estimer les chances de succès de l’objectif. Ces archétypes s’incarnent dans des personnages mais ils sont identifiés selon leurs fonctions.

Guardian & Contagonist

Guardian serait comme la conscience. En tant que conscience, Guardian expose la morale du monde de l’histoire. Il détermine vis-à-vis du lecteur ce qui est bien et ce qui est mal dans ce monde.

Lorsqu’il est personnifié, il représente un mentor, un précepteur pour le protagoniste. Guardian est différent du sidekick. Le sidekick apporte son soutien, Guardian offre son aide.
C’est un personnage protecteur qui va accompagner le protagoniste au cours d’un voyage initiatique. L’aide qu’apporte Guardian permet au protagoniste d’apprendre les bases qui doivent lui permettre de réussir son objectif. Guardian enseigne les rudiments qui permettront au protagoniste d’assurer une maturité qui lui fait défaut au début de l’histoire.

Le cas particulier du Contagonist

Pour contrebalancer la fonction du gardien, il existe un archétype propre à Dramatica :  le contagonist. Le contagonist a été pensé d’après le concept que si un protagoniste et un antagoniste peuvent être vus comme le bien contre le mal, le contagonist peut être vu comme la tentation contre la conscience du gardien.

Ainsi, le contagonist  s’attaque directement à l’ordre établi par la morale du gardien. Comme le contagonist a un mauvais effet sur la quête du protagoniste, il peut être confondu avec l’antagoniste. Cependant, sa fonction est d’entraver la marche du protagoniste, de l’écarter du droit chemin vers le succès en jetant sur ce chemin des obstacles.

Le but pour le contagonist est de leurrer délibérément le protagoniste en lui faisant croire que d’autres options sont possibles. Mais toutes les alternatives proposées par le contagonist sont volontairement néfastes pour le protagoniste.

Il est différent en cela de l’Influence Character qui ne cherche pas à nuire au protagoniste. L’Influence Character propose une alternative qui selon son point de vue est meilleure que la solution qu’a choisie le protagoniste. Il est sincère vis-à-vis du protagoniste contrairement au contagonist qui s’apparente davantage à un traitre.

Le contagonist est aussi différent de l’antagoniste car ce dernier s’oppose ouvertement au protagoniste. Il cherche ouvertement à empêcher le protagoniste d’atteindre son objectif. Il y a chez l’antagoniste une réelle volonté de nuire alors que le contagonist chercherait peut-être à gagner du temps, à éloigner un rival, à détourner l’attention du protagoniste.

L’arme préférée du contagonist est la tentation. C’est en tentant le protagoniste qu’il peut parvenir à entraver les progrès du protagoniste vers la réussite de son objectif, se comportant comme une épine dans le pied de ce dernier.
Tout comme le sidekick, il n’est pas obligatoire que le contagonist agisse dans l’aire du protagoniste. Il pourrait être tout aussi bien dans celle de l’antagoniste. Dans ces cas, il est un homme de main important pour l’antagoniste et qui va pourtant œuvrer contre lui.

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