Cet article traite des quatre variations du type Conscious de la classe Mind.
Classe Mind
Type Conscious
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DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE
Investigation
C’est l’acte de collecter des preuves pour résoudre les problèmes de légitimité. Par exemple, la corruption est si présente de tous temps et de toutes cultures qu’on en vient à se demander si elle n’est partie prenante de la nature humaine.
Le personnage qui est animé par Investigation tente alors d’apporter la preuve de la probité d’un leader. Ou bien l’inverse : prouver au monde les malversations par exemple d’un comptable pourtant renommé.
Par nature proactif, ce terme d’investigation décrit un effort pour mettre au jour des preuves, pour chercher et trouver le bien-fondé, la justesse d’une chose ou bien son aspect délictueux. Ce peut être une tâche qui remette en cause les fondements d’une croyance ou au contraire, annihiler les efforts de détracteurs envers cette croyance.
Investigation marque aussi pour le personnage qui revêt cette variation un élan plus rapide que les autres personnages. C’est comme s’il avait un temps d’avance pour aboutir à des conclusions alors que les autres en sont encore aux expectations.
Il est ainsi animé d’une énergie que ne possède pas les autres personnages. Par exemple, votre héros cherche à comprendre la mort de sa sœur. Certes, ils s’étaient perdus de vue depuis de nombreuses années mais les souvenirs de leurs jeux dans le jardin familial sont encore très vivaces surtout en cette période de deuil. Et alors que la police semble accréditer la thèse du suicide et s’en contenter, votre héros cherche alors de son côté des indices, une explication de ce geste. Est-ce vraiment un suicide ? Et si c’est le cas, qu’est-ce qui a pu conduire à un acte si désespéré ?
Animé par cette volonté de comprendre, le héros avance en quelque sorte plus vite que les autres personnages. Il aboutira avant les autres à des conclusions qu’il peut évidemment lui-même interroger ou que les autres peuvent questionner.
Mener une enquête afin de valider ou de réfuter une information peut être problématique.
Car en effet, le personnage doit prédéterminer où chercher. Supposons que la renommée de votre héroïne soit entachée par quelque scandale. Comme elle a une activité publique, sa première préoccupation sera de s’orienter vers ses ennemis. Mais la vérité pourrait être que cette opprobre provient de l’un de ses proches en qui elle avait une confiance totale.
Une enquête peut donc mener à un certain aveuglement. Le chemin pour atteindre à la vérité pourrait s’avérer tortueux et le personnage pourrait alors passer à côté d’informations essentielles sans pour autant les voir.
Une seule pièce manquante dans le puzzle et la conclusion à laquelle on a abouti pourrait être totalement faussée.
La conclusion juste d’une enquête s’avère en fin de compte le fruit de hasards heureux et des limites de sa propre ténacité. Attention, cependant, à ce que l’obtention d’une information cruciale pour l’enquête ne soit pas une coïncidence flagrante.
On ne résout pas le problème de l’histoire avec un Deus Ex Machina. Donner une résolution divine à une intrigue est davantage un manque d’inspiration qu’une astuce dramatique. Un hasard heureux serait par exemple que votre héros se rende dans un bar pour rencontrer un de ces informateurs qui ne détient en fait aucune information. Mais cette rencontre était nécessaire pour l’intrigue car elle donne une raison pour que le héros se trouve en ce lieu.
Car assise dans un coin de la salle se trouve un témoin vital de l’affaire. Reste à expliquer pourquoi elle se trouve ici.
Chacun des personnages de la scène a donc une raison de se trouver en ce lieu et le hasard heureux, c’est que tous deux soient au bon endroit au bon moment.
Maintenant, est-ce que l’auteur et l’autrice ont besoin d’accumuler un maximum d’indices pour la compréhension de leur histoire au risque de la surcharger ? Pas nécessairement. Pourquoi s’attarder sur l’homme de main alors qu’une information pourrait être révélée rapidement pour pointer le commanditaire ?
Doubt
Dans la terminologie de Dramatica, Doubt consiste à questionner la validité d’une chose sans s’assurer par ailleurs qu’elle existe ou non.
Nous sommes donc assez loin du doute qui permet de garder l’esprit ouvert et de ne pas céder misérablement aux opinions toutes faites ou à celles qu’on tente avec mépris de nous asséner de force.
Doubt décrit davantage une attitude butée que critique. C’est probablement du pessimisme, ce manque de foi en les choses malgré toutes les évidences avec lesquelles elles s’imposent. On pourrait voir aussi dans Doubt un manque de confiance dans les autres. Ce qui ne facilite pas les relations d’un personnage embué par Doubt.
Pourtant les conclusions auxquelles il aboutirait s’il croyait tant soit peu ce que autrui lui dit pourraient s’avérer justes. Mais il reste accroché à sa position malgré l’évidence des choses. Précisément, malgré le témoignage d’une solution évidente, il persistera à croire que des solutions alternatives existent.
En fait, il ne veut pas se départir de ses propres croyances bien qu’on lui prouve sur un plateau d’argent qu’elles sont fausses. Il ne veut pas se déstabiliser en remettant en cause ce sur quoi il a fondé son existence. Du moins, ce sur quoi il tente de justifier son existence.
Cependant, Dramatica ajoute que cette attitude ne propose pas un personnage hermétique à toutes propositions. Il est capable d’entendre ce qu’on lui dit. Il sera ouvert aux autres mais défendra sa position malgré les preuves qui pourraient le convaincre.
Dramatica juge cela comme une trop grande ouverture d’esprit. Et le personnage n’acceptera aucune autre alternative à ses croyances bien que d’autres concepts s’avèrent plus attrayants. Il ne pourra jamais accepter la vérité évidente et continuera d’œuvrer sous une illusion.
En somme, ce personnage a très peur de son devenir. Il ne peut faire face à l’incertitude et s’emmure dans ses convictions sans jamais les remettre en cause. Pour un personnage guidé par Doubt, la certitude est synonyme de paix intérieure.
Appraisal
Par ce terme, Dramatica désigne une compréhension initiale des choses.
Appraisal se fonde sur Evidence et Doubt. Lorsqu’un personnage a fait la part des choses, qu’il a déterminé vers quoi il devait tourner son attention (Evidence) et qu’il s’est fait une idée de ce qu’il pouvait ignorer (Doubt), il a une première impression de la situation.
En fait, cette première impression guidera ses premières actions. Bien sûr, il n’y a pas assez d’informations pour en tirer des conclusions valides. Cependant, le personnage sait dans quelle direction chercher les réponses dont il a besoin.
Ce qui est intéressant aussi avec Appraisal, c’est qu’au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue, les possibilités d’action se resserrent puisque le personnage écarte (Doubt) de plus en plus de ces possibilités.
Plus l’intrigue avance et les options pour le personnage se réduisent comme peau de chagrin, jusqu’à aboutir à un dilemme. Somme toute, c’est assez simple comme schéma. Au début, le personnage a plusieurs choix possibles. Il prend une option. Il y a encore plusieurs choix qui se découvrent mais moins cependant que la fois précédente. Et ainsi de suite jusqu’au dilemme.
Mais choisir initialement réclame un début de compréhension de la situation (Appraisal). Et en effet, le risque d’erreur est plus grand. Car, au début, toutes les informations ne sont pas encore parvenues au personnage. Il se fait une idée plutôt informelle de la situation. Cette première impression ne révèle cependant pas tout ce qui se cache au-dedans de cette situation.
Et sa perception des choses changera grandement au fil de l’intrigue.
Néanmoins, Dramatica insiste sur le fait que, comme dans la vie réelle, une première impression influence grandement un personnage. Et si Appraisal est trop marqué chez lui, s’il ne peut accepter de remettre en cause cette approche initiale de la situation, il peut persister à se fourvoyer et voir tardivement le chemin à prendre.
Reappraisal
Reappraisal définit la capacité à remettre en cause une conclusion. Lorsqu’on s’est fait une première idée d’une situation avec les informations que l’on avait à sa disposition, on a adopté une ligne de conduite pour faire face au problème. C’est une première conclusion sur l’état de la situation à un moment donné de l’histoire.
Maintenant, on peut rester figer sur cette conclusion ou bien faire l’effort de réévaluer les choses pour voir si la conclusion à laquelle on a précédemment abouti est toujours d’actualité. Si une conduite, une attitude, un comportement sont toujours adaptés à la situation actuelle.
Cet effort de tout remettre à plat est toujours une voie royale pour savoir si nous sommes sur la bonne voie.
Seulement, il y a un facteur qui peut influencer ce besoin de s’assurer que nous sommes en phase avec notre environnement. C’est que, comme dans la vie réelle, les personnages de fiction sont influencés par les expériences les plus récentes qu’ils ont vécues.
Et cette notion d’expérience a son importance. Par ce terme, il faut comprendre les expériences les plus marquantes. C’est-à-dire qu’elles ne renvoient pas nécessairement quelques heures ou quelques jours avant.
Un trauma dans l’enfance d’un personnage est une expérience qui l’a durablement marquée. Et le personnage est comme paralysé depuis cet événement. Et cela continue dans son présent. Il lui faut donc connaître une expérience au moins aussi forte pour que celle-ci puisse remplacer et cesser l’influence néfaste de l’expérience précédente. Une rencontre, par exemple, pourrait initier un tel changement chez le personnage.
Et c’est la prise de conscience progressive qu’il doit changer qui lui permet de réévaluer sa situation (Reappraisal).
Il en vient donc à rejeter tout ce qui le définissait actuellement en faveur des nouvelles informations que l’auteur ou l’autrice lui ont concoctées. Il réexamine les conclusions sur lesquelles il avait bâti sa personnalité actuelle pour continuer à assumer son devenir.
Dans un prochain article, nous étudierons les variations du type Preconscious de la classe Mind.