La fin d’une scène peut porter une charge émotionnelle et provoquer chez le lecteur une attente. Par sa nature, une scène apporte une conclusion.
Ce peut être la fin d’une conversation ou celle d’un rendez-vous amoureux. Ce peut être aussi la mort d’un personnage. Dans d’autres cas, la fin de la scène n’apporte aucune résolution et laisse le lecteur avec plus de questions encore.
La fin d’une scène est un espace où le lecteur va reprendre son souffle après la montée en tension (éventuelle) de la scène.
A la fin d’une scène, le lecteur devrait avoir une plus grande connaissance de l’intrigue et des personnages ce qui induit un plus grand investissement dans l’histoire et l’incite à en savoir plus.
La fin de scène et sa charge émotionnelle
Tout ce qui invite le lecteur à une intimité ou à un lien émotionnel avec les personnages et leur fardeau à la fin d’une scène est destiné à rapprocher le lecteur du personnage afin de lui permettre d’éprouver une expérience émotionnelle.
Pour que se partage soit réussi, il est possible sur certaines scènes d’autoriser le personnage à récapituler sous la forme de dialogues (voire d’un monologue) les événements et leur impact chez le personnage.
Il est utile lorsque l’intrigue est complexe ou lorsque les événements décrits ont une influence sur différents personnages de rassembler ou de rappeler quelques informations utiles à la compréhension de ce qu’il s’est passé dans l’histoire ou bien dans quel état psychologique se trouve votre personnage principal avant que ne débute une nouvelle scène.
Si l’on conserve cette notion de charge émotionnelle, il est bien de temps en temps de permettre au lecteur d’en prendre la mesure. En lui rappelant comment se sent un personnage après une importante décision par exemple, il est alors utile pour le scénario de montrer ou de démontrer par un rappel des circonstances qui ont amené cette décision, l’état dans lequel se trouve le personnage. Cela vous permet en quelque sorte de vous assurer que le lecteur a bien pris le pouls émotionnel du personnage.
C’est ainsi que vous pouvez expliquer et justifié l’arc dramatique de votre personnage. Les changements qui s’opèrent en lui devraient être clairs et distincts dans l’esprit du lecteur.
Attention, cependant, de ne pas abuser trop de fins de scène qui résument une situation sinon le rythme en pâtira. Utilisez cette technique dramatique pour développer votre personnage, pour révéler des informations sur un personnage dont le lecteur aura besoin pour mieux comprendre le contenu des scènes futures.
La révélation
Au lieu d’un résumé, vous pourriez aussi faire une révélation importante. Les révélations inattendues créent de la tension dramatique. Elles peuvent tout aussi bien intervenir dans le milieu d’une scène qu’à la fin de celle-ci. La surprise de la révélation ajoute à l’intensité d’une scène surtout lorsqu’elle est fournie au lecteur par les dialogues.
En focalisant soudainement l’attention du lecteur, la révélation crée du suspense qui imprégnera au moins la scène suivante et le lecteur ne voit plus les choses de la même façon concernant le personnage.
Si, par exemple, une jeune mariée dit à son mari lors de leur voyage de noces qu’elle ne l’aime pas vraiment, cette révélation surprenante orientera l’histoire dans une toute nouvelle direction.
Le cliffhanger
Si vous ne souhaitez pas que le lecteur reprenne son souffle à la fin d’une scène, l’astuce dramatique est le cliffhanger, c’est-à-dire que l’action est laissée en suspens, le lecteur ne connait pas le résultat.
Par exemple, votre personnage principal est dans une situation périlleuse et la scène s’arrête là, on ne sait pas s’il va s’en sortir ou bien la scène se conclue de telle façon pour le personnage principal que son point de vue sur l’intrigue, sur ce qu’il se passe ou qu’il croyait qu’il se passait est soudain devenu une toute autre réalité et le lecteur est laissé dans le même état de confusion que le héros.
Cela se nomme le suspense. Le lecteur est saisi d’une sorte de doute, d’incertitude et le cliffhanger joue sur ce sentiment.
L’intérêt du cliffhanger est de maintenir l’attention du lecteur qui désespère de connaître ce qu’il adviendra du personnage. De même que le rappel des faits, le cliffhanger est à utiliser avec modération d’autant plus qu’il a une inclination aux montées d’adrénaline chez le lecteur. C’est un outil dramatique parmi d’autres qui sert à contrôler le suspense mais qui ne doit pas être d’un usage systématique.
La fin de scène et le relâchement émotionnel
Après une scène intense, il est souvent nécessaire de permettre au lecteur de souffler et lui donner un peu de temps pour méditer sur tout ce que vous lui avez fait ingurgiter.
Afin de marquer ce relâchement, une description visuelle peut suffire. Cette description n’est pas innocente mais doit porter en elle une signification.
Par exemple, si la scène contient un combat et que celui-ci tourne au désavantage du protagoniste, vous pourriez montrer celui-ci étendu, du sang s’écoulant dans le caniveau. La signification de cette situation est une évidence en soi. Structurellement parlant, il est utile voire nécessaire que le héros connaisse un grave moment de crise à un point de l’histoire. Cette articulation majeure peut alors être démontrée lors de la fin d’une telle scène.
Supposons maintenant que votre personnage principal vient de recevoir une lettre qui le laisse dévasté à la fin de la scène. Pour marquer ce tourment intime qui bouleverse votre héros, vous pourriez alors le placer dans un contexte serein, paisible qui agira par contraste avec l’intériorité du personnage. Rechercher le contraste est généralement un bon moyen de donner de la signification à une situation.
De plus, vous allez faire intervenir la sensibilité du lecteur qui va concevoir une impression qui le mettra dans l’état d’esprit souhaité pour la scène suivante. Une description visuelle est ainsi un bon moyen de transition entre deux scènes.
Cette recherche de sens de la fin d’une scène pourrait avoir aussi une portée symbolique qui explorerait le thème ou le message sous-jacent de l’histoire.
Par exemple, si la scène se termine par un bain en solitaire dans une piscine, ce peut être apparemment parce que la nuit est chaude mais symboliquement, cela pourrait signifier des idées de baptême ou du moins, une idée de sacré si tel est votre message.
La métaphore
La métaphore est un bon moyen pour introduire du sens caché dans votre histoire. Nous vous conseillons la lecture de UNE METHAPHORE DYNAMIQUE pour en découvrir un peu plus.
Cette métaphore devrait être établie du point de vue du personnage le plus important de la scène. Par exemple, une jeune femme qui se débat avec le dilemme de garder ou non cet enfant qu’elle attend observera à la fin d’une scène où elle a eu, par exemple, un débat plutôt argumentée avec sa mère, une chatte s’occupant de ses petits.
Selon le contenu de votre message, vous pourriez montrer quelque chose qui révulserait la jeune femme (orientant ainsi sa décision vers un avortement possible) ou bien cela pourrait l’aider à comprendre ses propres instincts maternels.
Laissez le personnage gérer ses propres rêveries (d’après son point de vue), ne lui insufflez pas vos réflexions philosophiques à vous. Si, par exemple, votre message est contre l’avortement, au moment où votre héroïne se demande comment résoudre son dilemme, vous ne pouvez pas immédiatement lui faire prendre le parti-pris de garder l’enfant.
Vous devez exposer tous les arguments impartialement : elle est encore très jeune, garder cet enfant signifie qu’elle devra faire des sacrifices, abandonner toutes ces activités qui s’offrent à une jeune fille à peine sortie de l’adolescence (si tant est qu’elle en est sortie) et par ailleurs, le bonheur d’une maternité est sans égal.
Les métaphores peuvent vous aider à faire comprendre à votre lecteur les différentes étapes par lesquelles passe l’arc dramatique de votre personnage.
Simplement une conclusion
Souvent, une scène se termine simplement. Elle n’est grosse d’aucun événement futur, d’aucune résonance thématique. Elle clôt un événement ou marque un point majeur de l’intrigue.
La mort d’un personnage est une conclusion logique pour une scène. C’est un acte significatif pour l’histoire et placer la mort d’un personnage à la fin de la scène permet au lecteur de rassembler l’émotion que suscite cette disparition brutale.
Attention, cependant, vous êtes responsables de vos décisions, et si la mort d’un personnage est mal perçue, vous risquez de perdre le lecteur.
Par ailleurs, votre histoire a soulevé des questions dans l’esprit du lecteur (et pas seulement la question dramatique centrale qui consiste à se demander si le héros réussira ce qu’il a entrepris). Certaines scènes dans leur conclusion apporteront les réponses.
Il est indéniable aussi que certaines scènes sont conçues avec une finalité qui laisse le spectateur avec une expérience très différente que si vous aviez placé un cliffhanger, par exemple.
De toutes façons, il y aura des lignes dramatiques ou des événements qui devront être résolus et certaines situations sont adaptées pour, d’où leur finalité conclusive.
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