Suite de notre article précédent :
COMMENCEMENT ET FIN DE VOTRE SCENARIO (1)
La séquence d’ouverture d’un scénario doit être bien pensée. Pour vous y aider, selon Syd Field, il y a quatre choses à connaître avant de se mettre à écrire : la fin de votre histoire, son début et les deux nœuds dramatiques majeurs que Field a identifiés sous les termes de Plot Point 1 et Plot Point 2.
Pour comprendre la structure selon Field :
STRUCTURE SELON SYD FIELD
La séquence d’ouverture
L’ouverture de votre scénario déterminera si le lecteur est intéressé ou non à en continuer la lecture. Il a besoin d’apprendre trois choses dans les premières pages du scénario :
- Le personnage principal (c’est-à-dire à propos de qui est cette histoire)
- La prémisse dramatique (de quoi parle votre histoire)
- La situation (les circonstances qui entourent l’action).
Analysons un cas pratique :
Les trois jours du Condor de Lorenzo Semple, Jr. et David Rayfiel d’après le roman Les Six Jours du condor de James Grady (Sydney Pollack, 1975).
L’intrigue repose sur la prémisse que quiconque possède un pouvoir est corrompu. Le pitch très excitant peut se résumer à :
Et si vous reveniez de déjeuner pour découvrir que tout le monde à votre bureau s’est fait assassiner ?
Avant d’aller plus loin, rappelons comment fonctionne une intrigue qui se fonde sur une conspiration :
Le protagoniste
- Il est témoin d’un incident déclencheur par un groupe de conspirateurs menés par l’antagoniste.
- Il comprend qu’il est menacé par les conspirateurs.
- Il réalise aussi qu’il ne peut se fier aux autorités soit parce qu’elles sont dupées ou infiltrées par les conspirateurs.
Il est ainsi aussi menacé par les autorités. - Il s’enfuit poursuivi à la fois par les conspirateurs et les autorités.
- Il implique un ou plusieurs alliés dans sa fuite. Éventuellement, une intrigue secondaire sous la forme d’une romance entre le protagoniste et un des alliés est développée.
- Il évite de justesse d’être capturé et tué (ou bien il est emprisonné mais parvient à s’enfuir) soit par les conspirateurs, soit par les autorités.
- Il parvient à découvrir qui sont les conspirateurs.
- Il persuade les autorités à travailler avec lui pour mettre un terme aux agissements des conspirateurs.
- Il confronte les conspirateurs, démasque l’antagoniste et stoppe (ou ne parvient pas à stopper) la conspiration.
L’intrigue des trois jours du Condor suit ce schéma. Dès le début de l’histoire, Joseph Turner a découvert une CIA à l’intérieur de la CIA mais il ne le comprendra que lors du dénouement. Cette découverte est la clef qui résout l’histoire.
A la fin de celle-ci, Turner est remonté jusqu’au mystérieux Lionel Atwood, un important personnage de la CIA. Mais il ne connait pas cet Atwood ni son lien éventuel avec les assassins.
Dans la scène de résolution, cependant, Turner établit que Atwood est l’homme qui a ordonné les meurtres, comprend qu’il est responsable de cette cellule secrète de la CIA à l’intérieur de la CIA à cause d’intérêts pétroliers.
Maintenant que l’antagoniste est dévoilé et que Turner ait trouvé le moyen de battre le système et de mettre un terme à la corruption, l’assassin commandité par cette cellule secrète fait son apparition et tue Artwood.
Turner est soulagé. Il a retrouvé son poste à la CIA et peut enfin souffler. ll est toujours en vie pour le moment comme le lui rappelle Joubert, l’assassin.
Le dénouement, clef de l’histoire
Tout est réglé. Tout est résolu de manière dramatique en termes d’action et de personnage. Toutes les questions soulevées ont une réponse et l’histoire est complète.
Vous constatez ainsi que la résolution nourrit la fin et que si elle est correctement amenée, il peut en jaillir une expérience dramatique totale. C’est à cela que vous devriez parvenir. La fin d’un scénario se manifeste dans la résolution de l’histoire. Vous ne pouvez y échapper et cette résolution est conçue dès le début.
Posez-vous la question de savoir comment vous voulez que la fin de votre scénario soit. Envisagez toutes les possibilités qu’elles soient simples, banales, heureuses ou tristes mais surtout posez-vous la question à vous-mêmes, en tenant compte du message que vous avez à faire passer et non pas de considérations autres.
Listez toutes les façons différentes de terminer votre histoire. Ce qui se passera dans l’acte Trois doit permettre de définir une ligne dramatique claire et cohérente.
Vous devez véritablement lister toutes les possibilités afin de permettre à votre muse de libérer toutes pensées, mots ou idées sans aucun égard si cela peut se concrétiser ou non en un objet filmique.
On retrouve ce principe chez Melanie Anne Philips dont nous vous conseillons la lecture de VOTRE SCÉNARIO ÉTAPE PAR ÉTAPE
Il est donc important de ne laisser aucune question sans réponse au risque de laisser un sentiment de frustration chez le lecteur.
La fin de l’histoire : une question de crédibilité
La fin et le début de votre scénario doivent être connectés, c’est un fait entendu mais, qu’est-ce qui fait une bonne fin ?
Quel est l’effet que doit faire une bonne fin ?
Apporter un sentiment de satisfaction au lecteur ce qui passe déjà par une fin crédible.
La crédibilité consiste à être logique et cohérent avec sa ligne dramatique et de ne pas s’en débarrasser à l’aide d’une pirouette ou d’une quelconque superficialité pour écrire une fin à son histoire.
Parfois, vous commencerez l’écriture de votre scénario avec une fin en tête et en cours de route, vous aurez une meilleure idée de fin.
Et bien que vous ayez organisé votre histoire autour de cette première idée, acceptez de retravailler votre scénario car votre nouvelle idée est probablement meilleure. Vous devez croire en votre capacité à créer et en votre intuition. Ce qui est important, c’est de commencer votre histoire alors que vous avez déjà trouvé une fin à celle-ci même si vous en changez en cours de route.
Souvenez-vous que le commencement porte en lui la fin. Quelqu’un ou quelque chose initie une action et la façon dont sera résolue cette action devient la ligne dramatique de l’histoire. Comme le disent les chinois, même le plus long des voyages commence par le premier pas.
Si vous pouvez trouver un moyen de relier la fin au début, ce sera à votre avantage. Turner, dans Les trois jours du Condor, a découvert sans le savoir une conspiration. Cette découverte qu’il ignore totalement est la fondation de tout ce qui va se passer par la suite et à la fin de l’histoire, la conspiration est éventée : conclusion satisfaisante.
Syd Field conseille de déterminer la fin de son histoire avant d’en concevoir le début :
- Est-ce que la séquence d’ouverture met en branle
toute l’histoire ? - Désigne -t-elle sans confusion le personnage principal ?
- Montre-t-elle clairement la prémisse dramatique ?
- Ainsi que la situation ?
- Établit-elle clairement le problème que devra affronter et surmonter le personnage principal ?
- Ainsi que le besoin dramatique de celui-ci ?
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