Chacun a sa propre méthode car ce qui marche pour l’un ne fonctionne pas nécessairement pour tous.
Certains planifient avant le processus d’écriture, d’autres commencent par la fin. Cependant, le mieux pour vous est de bien peser vos habitudes d’écriture et de prendre en compte les avis d’autres auteurs et lorsque vous aurez brassé le tout, vous mettre à écrire comme il vous convient le mieux.
Maintenant, ce qui compte est que vous compreniez bien votre histoire et que vous lui appliquiez la structure qui lui ira bien. Ce n’est pas du prêt-à-porter mais bien du sur-mesure que vous allez offrir à votre histoire.
Pour expliquer son propos, Ronald B. Tobias prend pour référence l’Enfer de Dante, la première des trois cantica qui composent la Divine Comédie.
La structure de l’Enfer selon Dante est composée de 9 cercles. Cet enfer en forme d’entonnoir s’enfonce au cœur de la Terre. Les damnés occupent les cercles selon la nature du péché qu’ils ont commis.
Les cercles les plus profonds donc les plus éloignés de Dieu sont réservés aux péchés les plus graves.
Deux péchés basiques sont retenus :
- les actes de violence qui se traduisent dans des démonstrations de force, qui sont physiques par nature et que l’on pourrait qualifier de péchés de la chair,
- les péchés de l’esprit humain que Dante comme d’autres avant lui considèrent comme plus coupables. Ainsi l’adultère par exemple n’est pas un péché de luxure (donc charnel) mais bien un péché de l’esprit car il se rapproche de l’injustice voire de l’avarice si l’on aime plus ses richesses que son épouse.
Dante a compris l’esprit humain. Il a compris que les péchés du corps et de l’esprit sont des fonctions fondamentales des êtres humains.
Donc le Corps et l’Esprit.
Et Tobias énonce qu’il en de même avec nos intrigues qui se divisent alors en
- intrigues qui mettent en avant le corps, la matérialité des choses
- et les intrigues qui portent sur les choses de l’esprit.
Il en va aussi ainsi dans les fables où le lion représente la force, la puissance et le renard est décrit comme intelligent, rusé et sournois. On note que l’animal le plus faible déjoue l’animal le plus fort comme l’enfant inoffensif déjoue les plans de l’ogre. On s’appuie ainsi davantage sur nos capacités mentales que sur notre force physique.
Bon. Reprenons. Vous êtes devant la page blanche. Vous avez une idée, précise ou vague, une image mentale ou un souvenir qui vous hante. La question à se poser est de savoir dans quel type d’intrigue votre idée pourrait correspondre au mieux.
Avec votre idée, allez-vous développer une histoire, une sorte d’aventure qui dépend de l’action ? ou bien va-t-elle plus s’appuyer sur les mécanismes internes des personnages, sur leur psyché, sur la nature humaine ?
Inutile de se le cacher, mais l’action prévaut sur les faveurs du public.
James Bond, Indiana Jones et autres sont devenus des icônes. Le lecteur est suspendu à l’action toujours se demandant ce qu’il va arriver. Les pensées du personnage et leur interaction avec ses actions sont réduites au strict minimum, suffisantes toutefois pour faire avancer l’intrigue.
L’arc dramatique du personnage n’est pas négligé. Il évoluera et apprendra de ses péripéties. A la fin de l’histoire, il ne sera plus le même. Avec certaines exceptions toutefois, car si vous prenez James Bond, par exemple, son personnage ne change pas. Cependant, son action provoque le changement d’un autre personnage. Il est à l’origine de la transfiguration d’un autre personnage même si, lui, échappe à cette transformation.
L’action domine le personnage, elle est toujours préférée à toute autre forme de narration. James Bond connait des moments où il est au plus bas, cela fait partie de la destinée de tous les héros. Mais s’il perd un être cher, par exemple, ce sera toujours dans un moment de conflit physique puissant même s’il joue au poker, ce sera encore dans un rapport de forces palpables, tangibles, charnelles.
L’intention de l’auteur n’est pas de soulever de grandes questions morales ou intellectuelles. Une intrigue basée sur l’action est souvent un jeu de pistes, une énigme à résoudre. Le héros doit résoudre un quelconque mystère ce qui induit chez le lecteur du suspense, des surprises et une certaine excitation.
A l’inverse, les intrigues basées sur l’esprit plutôt que sur l’action se penchent davantage sur l’intériorité des personnages, sur la nature humaine et sur les relations entre les personnages.
L’intrigue porte sur une sorte de voyage intérieur où les croyances et les comportements sont étudiés. Ce sont des idées qui sont mises en avant et non plus l’action. Les personnages sont à la recherche de significations. Ce qui compte dans ce type d’intrigues est la vie. Il ne s’agit pas d’illustrer maladroitement des tranches de vie mais d’examiner la vie sous l’angle particulier d’une narration. Ce type d’intrigues n’est pas dépourvu pour autant d’actions. Il y a de l’action, des conflits mais le mental pèse davantage que le physique, l’intériorité des choses est plus significative que l’extériorité.
Une fois que vous aurez pris la décision d’écrire, il vous faudra choisir vers quel type d’intrigue vous souhaitez vous orienter parce que, comme le dit Tobias, cela façonnera tout le reste.
Où vous choisissez l’action, soit vous privilégiez les personnages. Vous devrez de toutes façons trouver un équilibre entre l’action et les personnages, mais en sachant dès le début ce que sera votre intrigue, vous vous focaliserez sur le bon élément et vous éviterez les incohérences dans votre récit.
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