Le voyage du héros (ou Hero’s Journey) permet de rencontrer assez souvent l’archétype du métamorphe (shapeshifter).
Mais quelle est sa fonction ? Il vient immédiatement à l’esprit la bête de La belle et la bête (dans ce cas, le métamorphe a subi une malédiction) ou bien avoir des capacités innées de métamorphose comme la mutante métamorphe Mystique (créée par Chris Claremont et Jim Mooney pour l’univers Marvel Comics).
Le métamorphe est un fantasme
L’archétype du métamorphe est l’incarnation d’un désir de changer d’apparence et de personnalité. Il traduit souvent un malaise lié à l’adolescence.
Dans Harry Potter, le professeur McGonagall donne un cours de transfiguration. Les enfants sont d’abord initiés à la métamorphose avant de tenter des choses beaucoup plus importantes non dénuées de conséquences. Dans Twilight, Edward se transforme sous les rayons du soleil et devient étincellant comme si des centaines de minuscules diamants brillaient sous la surface de sa peau. Cette description permet de rendre le corps de Edward beaucoup plus attirant et certainement plus évocateur pour le lectorat cible de Twilight, comme le prouve la réaction de Bella devant ce corps scintillant de mille feux.
Les métamorphes représentent la confiance ou la méfiance
Les métamorphes sont sources de problèmes parce qu’avec leurs deux visages (et donc une possible hypocrisie), leur loyauté peut être mise en doute. C’est d’ailleurs un trait de personnalité que l’on retrouve assez souvent à travers les genres où il s’immisce (si leur présence est nécessaire dans l’histoire).
Bella par exemple n’est pas sûre de la signification du changement de couleur des yeux de Edward. Cela signifie-t-il qu’il lui ment ?
Dans Harry Potter, l’idée est plus subtile. En effet, le professeur McGonagall se faufile dans la maison des Moldus qui ont recueillis Harry. Métamorphosée en chat, elle trompe non seulement sur son apparence (les moldus ne doivent pas découvrir sa vraie nature) mais elle instille aussi chez le lecteur un sentiment de méfiance envers les moldus.
Le concept serait alors de jouer sur cette double personnalité et selon les situations ou le but recherché par l’auteur ou l’autrice, inspirer confiance ou méfiance avec le métamorphe.
Le métamorphe incarne la discipline ou son refus
Discipline sociale et obéissance : voilà ce que nos sociétés attendent de nous. Contre cet enseignement, une rébellion peut chez certains d’entre nous faire jour. Le métamorphe peut alors personnifier cette désobéissance ou au contraire la confirmer.
Lorsque le professeur McGonagall métamorphose les pièces du jeu d’échecs qui gardent la pierre (Sorcerer’s Stone), le cavalier, le fou et la tour quittent le plateau prouvant ainsi leur obéissance à la volonté d’une autorité représentée par McGonagall.
Cette autorité est aussi reconnue par Harry, Ron et Hermione qui occupent aussitôt les cases vacantes.
A quoi sert le métamorphe ?
D’abord, le métamorphe ne fait pas avancer l’intrigue. Sa présence permet cependant d’ajouter un niveau d’influence sur le personnage principal qui pourrait manquer de dynamisme autrement (ou paraître un peu fade).
Comme fantasme, il est une unique et spéciale échappatoire pour le lecteur confronté à sa réalité quotidienne.
Être double par définition, le métamorphe est aussi un mécanisme dramatique qui permet de montrer le conflit ou le malaise internes au protagoniste (lorsque la situation s’y prête). Perçu comme une menace de représailles ou de punition, il peut ajouter davantage de tension aux enjeux.
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