Blake Snyder a réinventé les genres en leur découvrant un modèle structurel que les types standards (Comédie, Romance..) de par leur portée trop large ne permettaient pas de définir.
Quel est l’intérêt d’une telle démarche ? La réponse est qu’en tant qu’auteur, vous n’avez pas besoin de réinventer la roue. En effet, les films et les scénarios tombent naturellement dans un genre ou un autre (et un genre procure au lecteur/spectateur un horizon d’attente conventionnel ce qui facilite les choses). Le travail de création consiste alors à faire du neuf à partir de l’existant. Les 10 genres élaborés par Blake Snyder permettent de définir une structure commune aux scénarios.
En respectant le modèle structurel d’un de ces genres, votre scénario devrait alors apporter des choses nouvelles.
Cet article porte sur le genre The Golden Fleece ou La Toison d’Or.
Les scénrios relevant de ce genre sont des roadmovies. Il s’agit d’une quête d’où ce petit rappel à Jason mais aussi parce que l’ossature des roadmovies se reconnaît dans Jason et les Argonautes (Mythe fondateur s’il en est).
Un roadmovie à la découverte de soi
L’idée est qu’un protagoniste (généralement le héros) se met en route (il part littéralement à l’aventure) à la recherche d’une seule chose. S’il trouve ou non cette chose importe peu. Ce qui importe est que votre personnage découvre en fait autre chose. Et cette autre chose est lui-même.
- Un ticket pour deux (1987) réalisé par John HUGUES
- Star Wars (1977) réalisé par George LUCAS
- Il faut sauver le soldat Ryan (1998) de Steven SPIELBERG
- Les douze salopards (1967) de Robert ALDRICH
appartiennent au genre The Golden Fleece.
Avant d’aller plus dans l’explication du Golden Fleece, voici l’analyse de Il faut sauver le soldat Ryan dont les structures dramatiques ont été décomposées selon les 15 points ou moments que Blake Snyder a déterminés dans sa théorie Save The Cat!
IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN
1. Opening Image
L’Opening Image est une séquence essentiellement visuelle. Elle donne un aperçu de la problématique du personnage principal avant que l’aventure commence. Elle se situe sur la page 1 du scénario.
“The very first impression of what a movie is — its tone, its mood, the type and scope of the film — are all found in the opening image….”
Blake Snyder
La toute première impression de ce qu’est un film (sa tonalité, son atmosphère, le type et la portée du film), tout se trouve dans l’Opening Image.
Un vieillard avance lentement dans un cimetière suivi à quelques pas par sa famille. Il regarde un drapeau américain et français, cela doit être la Seconde Guerre Mondiale.
Il s’effondre en larmes et se souvient du 6 juin 1944.
2. Setup
Le Setup (c’est-à-dire la mise en place de l’intrigue) développe ce qui est avant l’aperçu de l’Opening Image. Il nous présente le monde du personnage principal tel qu’il est avant que l’intrigue ne commence.
D-DAY (6 juin 1944).
Le débarquement à Omaha Beach est sanglant. Il n’y a pas d’issue même sous l’eau. C’est un véritable enfer.
John Miller est sergent d’une unité. Couvert du sang de ses compatriotes, il se fige soudain sur la plage. Puis il trouve la force de reprendre en main son unité qui persévère malgré de lourdes pertes.
Cette séquence nous décrit le monde atroce de John Miller ainsi que ses capacités en tant que leader (et c’est un détail nécessaire de sa personnalité). Elle nous décrit aussi que les hommes de son unité forme une équipe particulièrement fonctionnelle.
3. Theme Stated
“…someone (usually not the main character) will pose a question or make a statement (usually to the main character) that is the theme of the movie. “Be careful what you wish for,” this person will say or “Pride goeth before a fall” or “Family is more important than money.” It won’t be this obvious, it will be conversational, an offhand remark that the main character doesn’t quite get at the moment — but which will have far-reaching and meaningful impact later. This statement is the movie’s thematic premise.”
Blake Snyder
… quelqu’un (habituellement pas le personnage principal) posera une question ou fera une déclaration (habituellement au personnage principal). C’est le thème du film.
« Fais attention à ce que tu souhaites » cette personne dira ou « La fierté trépasse avant la chute » ou « La famille est plus importante que l’argent »…
Ce ne sera pas aussi évident, ce sera sur le ton de la conversation, non celui de la déclamation, une remarque désinvolte que le personnage principal ne comprendra pas sur le moment mais qui aura plus tard un impact d’une grande portée et significatif.
Le Theme Stated se produit au cours du setup généralement vers le milieu de cette exposition. Le Theme Stated résume ce dont parle votre histoire, son message, sa vérité. Le Theme Stated s’adresse au personnage principal ou du moins, il est énoncé en sa présence.
Mais parfois, il n’est même pas présent.
Il ne le comprend pas immédiatement. Comment le pourrait-il ?
La compréhension du Theme Stated par le personnage principal se fera après qu’il ait accumulé l’expérience qu’il acquerra au fil du récit ou bien après que le contexte, qui lui permet d’appréhender ce thème, sera établi.
Parmi les morts dénombrés, un nom de famille a une signification particulière : Ryan. Ce sont quatre frères dont 3 sont morts.
A son bureau, le Général George Marshall cite une lettre écrite par Abraham Lincoln et ordonne que le quatrième frère, dont on n’est sans nouvelle depuis le D-Day, soit ramené chez lui.
« Ce garçon est vivant. Nous allons envoyer quelqu’un pour le retrouver et bon sang nous allons le sortir de là ».
Un seul homme compte : C’est le thème.
4. Catalyst
Le catalyseur est le moment où les choses changent. On l’appelle aussi incident déclencheur.
Ce peut être un courrier que le personnage reçoit ou bien il découvre que sa femme ou son mari le trompe ou inversement ou bien encore il rencontre celui ou celle avec qui il ou elle finira sa vie…
A partir de ce moment, même si l’objectif n’est pas encore défini pour le protagoniste, un changement dans sa vie a commencé. Le Catalyst peut être assimilé à l’incident déclencheur ou au messager de la dramaturgie. Quoiqu’il en soit, son ancien monde n’ a plus cours.
L’arc dramatique du protagoniste commence à se déployer.
Miller reçoit la mission de retrouver et sauver le dernier des frères Ryan. Il se voit adjoindre le caporal Upham, un bleu, comme interprète français et allemand mais aussi de tous les événements.
5. Debate
Mais le changement peut faire peur parfois. Et le personnage principal questionne ce voyage qu’il doit prendre. Pourra-t-il faire face aux épreuves qui l’attendent ?
Et il vrai qu’à partir du Debate, le personnage principal connaît surtout des échecs et que les options qui lui restent s’amoindrissent d’autant. Finalement, entre le Catalyst et le point de non retour, c’est la dernière chance pour le protagoniste de faire marche arrière.
On ressent généralement une certaine réticence (un délai avant la prise de décision) chez le personnage principal au cours du Debate, ce qui permet au lecteur d’approcher d’un peu plus près le personnage, de s’identifier davantage avec lui car le Debate nous montre le personnage de l’intérieur en nous dévoilant ses conflits internes auxquels il se livre face à une décision importante.
Ce moment peut être assimilé au Refusal of the Call tel que l’a définie Joseph Campbell dans le voyage du héros.
Comme tous les conflits engendrent de l’émotion, le lecteur peut s’identifier et commencer à porter un jugement sur le personnage en regard des émotions décrites.
Le caporal Upham qui est le plus innocent parmi l’unité reflète par sa réticence la nature et le risque de ce voyage.
A noter ici que le Debate n’est pas porté par Miller mais par Upham qui est lui aussi un des personnages centraux.
6. Break into Two
C’est le passage dans l’acte Deux. Le personnage principal a fait son choix. Le statu quo du monde tel qu’on nous l’a présenté jusqu’à maintenant est bouleversé. Le protagoniste entre de plain pied dans un nouveau monde.
Miller et son unité partent pour la mission. Nous les voyons arpenter les champs pendant que les différentes personnalités des membres du squad nous sont dévoilées.
7. B Story
La B Story est une intrigue secondaire qui vient éclairer le thème principal. Cette B Story est souvent rencontrée sous la forme d’une relation interpersonnelle généralement amoureuse mais cet aspect n’est pas une obligation.
Robert McKee s’est étendu sur les B Stories :
ROBERT McKEE
Qui est John Miller ? La réponse à cette question renforcera l’idée que de sauver ne serait-ce qu’un seul homme vaut le sacrifice d’autres hommes.
La personnalité de Miller nous est progressivement dévoilée le long de cette B Story et nous comprenons à travers son sang-froid, son analyse juste des situations que le sacrifice individuel n’a de valeur que s’il est tourné vers l’intérêt et la protection d’autrui.
8. Fun & Games (The promise of the premise)
La promesse de la prémisse (The promise of the premise) est la partie la plus attrayante de l’intrigue en cela qu’elle illustre un certain nombre d’anecdotes.
Dans Blankets, Manteau de Neige de Craig Thompson (en 2003), lorsque Craig est invité à passer 15 jours chez Reina, il découvre le quotidien de la jeune fille qui, elle, en retour trouve une oreille attentive. La description des anecdotes de ce séjour expliquera comment la relation entre Craig et Reina évoluera jusqu’à l’émancipation pour Craig de l’autorité religieuse qui pesait sur lui.
Si le personnage est un détective, c’est au cours du Fun & Games qu’il ramassera le plus d’indices et évitera le plus de balles, par exemple.
Au fil des surprises et des épreuves que leur réserve cette guerre au cours de leur parcours, les liens entre les hommes se dessinent et leurs personnalités se révèlent. Leurs pensées intimes s’égrènent mais il n’y a pas de temps pour en creuser les détails. Alors, ils continuent leur roadmovie.
La fraternité qui unit ces hommes leur permet d’affronter la mort qui leur permet, par elle-même, de savoir ce qui compte ici et maintenant.
9. Midpoint
Le Midpoint est le point médian de l’histoire. Il se produit vers le milieu de l’acte Deux (un milieu qui dépend essentiellement du récit. C’est une notion très subjective et c’est l’auteur lui-même qui décide où se situe le milieu de son récit et non un simple et inutile calcul mathématique).
Selon l’histoire, soit il s’agit d’un grand moment lorsque le protagoniste pense avoir eu tout ce qu’il voulait (mais ce qu’on pense vouloir est rarement ce dont on a vraiment besoin), soit c’est exactement l’inverse lorsque le protagoniste se retrouve dans la pire des situations.
Ils ont presque tout perdu. Leurs combats ont fait des ravages dans leur rang. Ils ne trouveront jamais Ryan. La situation n’a jamais été aussi lugubre (ce qui est encore plus marqué par la découverte du planeur écrasé et des corps des soldats, morts pour rien).
Un moment puissant a lieu aussi lorsqu’ils fouillent parmi les plaques récupérées sur les hommes morts alors que des troupes fraîches les observent en passant.
Miller, désespéré, questionne les recrues s’ils connaissent un dénommé Ryan. Par chance, l’un d’eux les renseigne et le squad se remet en route.
10. Bad Guy Close in
Doutes, jalousie, peurs, ennemis tout à la fois physiques et psychologiques entrent en jeu dans le Bad Guy Close in. Bad Guy ne signifiant pas nécessairement que des méchants sont à l’œuvre au cours de ce moment de l’histoire.
La situation issue du Midpoint s’inverse lors de la conclusion du Bad Guy Close in.
La squad se désolidarise à la fois par le nombre de tués mais aussi lorsque les hommes contestent la décision de Miller de prendre d’assaut le nid de mitrailleuse allemand. A la suite de quoi et de la perte d’un nouvel homme, l’unité est bien prêt de se mutiner (traduit dans la scène où le destin du soldat allemand se joue).
Miller dévoile alors la vérité sur son identité ce qui a pour conséquences de ressouder la camaraderie entre les hommes.
11. All is Lost
Théoriquement, le All is Lost est le moment opposé du Midpoint. C’est à ce point de l’histoire (All is Lost) que le protagoniste réalise qu’il a perdu tout ce qu’il avait acquis ou bien, plus cruel, que tout ce qu’il a acquis ne signifie rien.
Et l’objectif semble encore plus impossible à atteindre.
Quelque chose meurt à ce point, que ce soit physiquement ou émotionnellement.
Mais quelque chose d’ancien meurt pour laisser la place à quelque chose de nouveau, de vivifiant, comme un espoir à venir. Car en effet, le All is Lost signifie vraiment que tout est perdu.
Mais ce ne sera pas une perte stérile. Le moment du All is Lost est un peu comme un phénix dont la renaissance de ses propres cendres est annoncée mais pas encore réalisée. Mais évidemment, le protagoniste ne le sait pas encore.
Le sergent Ryan est enfin là sur ce pont, qu’il ne veut pas quitter. Une bataille terrible est sur le point de s’engager et il ne veut pas abandonner ses frères d’armes.
Les seuls frères qu’il lui reste d’après ses propres propos. La mission a échoué.
12. Dark Night of the Soul
Les ténèbres de l’âme (Dark Night of the Soul) est une image pour la désespérance qui étreint le protagoniste. Il subit le contrecoup de la perte du All is Lost. Il se sent vraiment abandonné. Il a atteint le fond.
Mais pourtant ce sont dans les profondeurs accablantes de son âme qu’il trouvera la force de se relever et d’essayer à nouveau.
Avec le refus de Ryan de quitter ses frères d’armes, Miller s’interroge sur la mission qu’on lui a confiée. Doit-il désobéir aux ordres ? Pourquoi se bat-il ?
Puis il prend la seule décision possible. Rester pour combattre auprès de ses frères d’armes.
13. Break into Three
Le passage à l’acte 3 se concrétise par une nouvelle idée, une inspiration nouvelle. L’espoir renaît. L’intrigue principale et l’intrigue secondaire (B Story) se rejoignent. Parfois, l’espoir dans l’intrigue principale revient grâce à l’ingérence de l’intrigue secondaire.
Miller décide de se retrancher et de résister. Il a un plan. « Éclaire nous » lui disent les autres comme si Miller irradiait de l’espoir qu’il a retrouvé.
Miller choisit donc le sacrifice individuel non pas pour sauver un seul homme mais dans le but d’en sauver plusieurs.
14. Finale
Cette fois, le personnage principal reprend le thème à son compte. Cette vérité que véhicule l’histoire, il l’a fait sienne. Il l’a comprend.
L’acte Trois agit comme une synthèse. Les intrigues principale et secondaire sont résolues. L’arc dramatique des principaux personnages (leur parcours tout au long du récit) trouve sa conclusion.
La grande bataille. Miller est exceptionnel de combativité. La bataille fait rage. Un par un, les hommes meurt. Y compris Miller.
Sauf un.
15. Final Image
Inverse ou symétrique à l‘Opening Image, la Final Image apporte visuellement la preuve que quelque chose a changé chez le personnage. Son point de vue n’est plus le même.
Le vieil homme s’avère être Ryan.
I’ve tried to live as best I could, and I hope in your eyes, I’ve earned what all of you have done for me.
J’ai essayé de vivre comme un homme bien et j’espère qu’à vos yeux, j’ai mérité tout ce que vous tous avez fait pour moi.
THE GOLDEN FLEECE
Comme pour les rebondissements que l’on retrouve dans n’importe quelle histoire, les étapes du Golden Fleece sont les gens et les incidents que notre héros rencontre tout au long de son chemin.
Ce qui enflamme l’imagination (notre imagination tout comme celle de notre héros) est justement ces gens et ces incidents qui, au contraire d’inspirer de la crainte, suscitent une certaine excitation car un roadmovie après tout, c’est une chasse au trésor.
Ici, il n’est pas question de fuir.
La découverte de soi
Au contraire, il s’agirait d’aller de l’avant. Mais pas n’importe quel avant. L’idée qui se cache derrière le Golden Fleece est que le personnage principal évoluera en interne. Psychologiquement, il ne sera plus le même. Sa vision des choses, son point de vue sur la vie ne seront plus les mêmes.
Le Golden Fleece correspond à une évolution personnelle des personnages. L’intrigue est de montrer comment le personnage principal est affecté par les épreuves qu’il subit, comment cette évolution personnelle se produit chez lui.
Ce n’est pas la destination qui compte et ce qu’on espère y trouver, mais ce que l’on apprend sur nous-mêmes au cours du voyage.
Ce qu’on espère y trouver, c’est la toison d’or (Golden Fleece). Cet espoir est l’objet de la chasse, le but du voyage, mais ce n’est qu’un McGuffin posé là pour mettre en branle le voyage mais qui n’a au bout du compte aucune signification.
Ce que l’on apprend sur nous-mêmes est ce qui importe et votre travail consiste à apporter une signification sur les découvertes que votre héros fera sur lui-même. Les épreuves devront avoir une signification en rapport avec l’évolution intime de votre personnage.
Vous ne pouvez pas accumuler une série d’anecdotes qui ne soient pas significatives d’un changement chez votre personnage.
Lorsqu’un personnage ou un groupe de personnages se lancent dans une mission, dans une sorte de chasse au trésor, il y a de fortes chances que votre scénario soit du genre Golden Fleece ou roadmovie si vous préférez.
Il ne s’agit pas de fuir quelque chose mais de trouver quelque chose.
Inutile de tout réinventer
L’intérêt de bien identifier le genre dont se recouvre votre histoire, c’est que les récits qui sont du même genre répondent aux mêmes règles. Pourquoi réinventer la roue ?
Ocean’s Eleven, Les Douze Salopards ou Les Sept mercenaires sont des Golden Fleece. La mission est secondaire, le casse est secondaire, ce qui compte est ce qui dérive d’eux. Les rebondissements permettent des découvertes beaucoup plus intimes, moins tangibles (même si parfois, la transformation peut être psychologique et physique).
Les sous-genres du Golden Fleece
Le Golden Fleece peut être décomposé en sous-genres ce qui peut permettre de ne pas trop s’égarer lors de l’écriture du scénario.
Buddy Fleece
Buddy Fleece, c’est une histoire entre des potes qui partent à l’aventure. Le ton employé pour l’écriture est souvent plus léger mais lorsqu’il est bien écrit, le récit qui s’inspire du Buddy Fleece peut être très attachant.
Un ticket pour deux (1987) écrit et réalisé par John Hugues ; Road Trip (2000) dirigé par Todd Phillips ou l’excellent Little Miss Sunshine (2006) de Jonathan Dayton et Valerie Faris écrit par Michael Arndt sont des exemples de Buddy Fleece.
Vous noterez un excellent McGuffin dans Road Trip. En effet, la cassette compromettante qui cause le voyage n’a absolument aucune signification dans le récit. Elle ne sert qu’à envoyer l’intrigue.
Et le McGuffin n’a pas non plus la fonction d’incident déclencheur. Cet incident s’est produit lorsque Josh a cédé à la tentation de la chair avec la belle Beth, et non lorsqu’il a envoyé la cassette par erreur à sa dulcinée.
Le concept de pote n’est pas arbitraire. Little Miss Sunshine nous présente avant tout une famille désunie au départ et qui retrouve son unité à la fin.
Le Buddy Fleece est basé sur des relations interpersonnelles existantes au début du récit. Les personnages se connaissent, cela fait partie de leurs toiles de fond respectives, de leur background (leur passé) que le récit dévoile par petites touches lors du premier acte.
Il est nécessaire que les personnages se connaissent (même s’ils se détestent) mais c’est à partir de cette relation que l’urgence du voyage se justifie. Cette relation rend crédible le fait que toute la famille se retrouve dans le van pour accompagner Olive à son concours de beauté (Little Miss Sunshine).
Epic Fleece
Des histoires destinées généralement à de gros budgets.
Des titres comme Il faut sauver le soldat Ryan ou Star Wars font partie de ce genre.
Solo Fleece
Comme son nom l’indique, un seul participant se retrouve sur la route. Monsieur Schmidt dirigé par Alexander Payne, écrit par Alexander Payne et Jim Taylor, adapté du roman About Schmidt de Louis Begley est un formidable exemple de Solo Fleece.
Les biopics aussi relèvent de ce genre. La route empruntée est celle de sa propre vie (Ray de Jimmy White et Taylor Hackford à la réalisation, Truman Capote de Dan Futterman dirigé par Bennett Miller).
Sports Fleece
Le trophée est le McGuffin. Dans ce sous-genre du Golden Fleece, typiquement américain, le roadmovie consiste à dépasser la médiocrité, à ne pas la considérer comme une tare sociale dont on ne peut se défaire.
Le Grand Défi (1986) écrit par Angelo Pizzo et dirigé par David Anspaugh en est un exemple parfait.
Caper Fleece
Le McGuffin est effectivement un trésor puisque l’histoire raconte un casse. L’idée derrière ce sous-genre est que la bande est avant tout une équipe (tout comme pour le Sports Fleece) et aussi excentriques et différents qu’ils soient, les membres de cette équipe doivent former un tout pour gagner, pour vaincre l’adversité.
Généralement et cela est très sensible dans le Sports Fleece et le Caper Fleece, lorsqu’il s’agit de gérer plusieurs personnages qui doivent former une équipe pour atteindre leur objectif, le personnage principal (le leader de l’équipe) souffre de certains manques ou de faiblesses qui sont compensés par chacun des autres membres de l’équipe.
L’imbrication de tous les traits de caractère répartis entre les personnages et nécessaires à la réussite de l’objectif forme alors le tout qui est en fait l’accomplissement recherché par chacun des personnages.
De quoi se compose le Golden Fleece ?
De trois éléments (comme pour Monster in the House mais ce ne sont pas les mêmes).
1) Une route (c’est un roadmovie mais la route n’a nullement besoin d’être goudronnée, elle peut être aussi une notion abstraite, métaphorique).
2) Une équipe (avec l’exception du Solo Fleece mais vous pourriez considérer le biopic comme un genre à part entière, c’est vous l’auteur après tout).
3) Un prix (qui n’est qu’un McGuffin).
La route
La route est un concept qui recouvre de nombreuses formes. Vous pouvez utiliser la forme qui convient le mieux à votre récit tant qu’elle comporte un changement majeur dans la personnalité du héros.
Qu’elle soit métaphorique ou non, elle représente cette chose où le héros s’apprête à s’aventurer et la signification de cette chose est que le héros ne sera plus le même à la fin du voyage (voir l’Inner Journey, un concept équivalent).
Invictus adapté par Anthony Peckham, d’après le livre Playing the Enemy: Nelson Mandela and the Game that Made a Nation de John Carlin et réalisé par Clint Eastwood en 2009 ou bien Dodgeball ! Même pas mal ! de Rawson Marshall Thurber (2004) nous exposent la progression étape par étape, difficultés après difficultés à résoudre, vers le prix quelque soit le chemin sur lequel se trouve les personnages,
L’amitié principalement dans le Buddy Fleece et en particulier le personnage ou les personnages dans le cas d’une team vers qui le personnage principal accorde son amitié et dont il doit recevoir l’amitié en retour est tout aussi important si ce n’est plus que le prix.
Cette amitié recherchée et partagée est l’Inner Motivation du personnage principal (ce qui le motive, le fait avancer). La route semée d’embûches que parcourt le personnage principal (leader ou non de la team, le cas échéant) doit le mener vers cette amitié.
Ecrit par Peter Jackson, Guillermo del Toro, Fran Walsh et Philippa Boyens, Le Hobbit : Un voyage inattendu est un bon exemple de Buddy Fleece dans lequel l’amitié remplace l’amour des Comédies Romantiques.
Une mésestime de soi
Le personnage principal dans un Golden Fleece est très souvent considéré ou se considère lui-même comme un perdant. Les faiblesses dont il fait preuve seront alors compensées par les autres personnages qui agissent sur lui comme des Influence Characters.
Ces personnages qui influent sur le personnage principal possèdent alors les qualités et traits de caractère que le personnage principal devra intégrer dans sa psyché à la fin de l’histoire.
Dans les récits comme celui de Peter Jackson, les membres de la future team sont introduits dès le setup et il est généralement fait grand soin de leur entrée.
Blake Snyder insiste sur le fait que lorsque le personnage principal (et éventuellement l’équipe qu’il forme avec d’autres personnages) sont sur le point d’aboutir, un événement vient leur mettre des bâtons dans les roues (throwing a monkey wrench). Alors qu’ils sont sur le point de réussir, que la victoire est en vue, il est soudain mis un coup d’arrêt au plan.
C’est ce qui se produit lorsque Ryan refuse de quitter ses frères d’armes. C’est le moment du All is Lost.
Ce qu’il faut comprendre avec le Golden Fleece, lorsque l’on envoie un héros sur la route est que chaque étape, chaque arrêt, chaque jalon le long du voyage doit signifier quelque chose, avoir une signification soit dans l’Overall Story Throughline (la ligne dramatique principale de l’histoire), soit dans l’Inner Journey (la transfiguration ou arc dramatique) du héros ou bien dans la relation qui existe entre le personnage principal et d’autres personnages (Main/Influence Characters Throughline).
En conclusion :
1) Une route métaphorique ou non (qu’elle traverse les océans, le temps ou simplement la rue) comportant vers la fin du voyage, un coup d’arrêt (All is Lost) et qui implique une évolution du héros, ou du moins qui délimite le cadre de cette évolution.
2) Une équipe ou un ami sincère (ou un mentor) dont le héros a besoin pour le guider le long de la route. Habituellement, cette équipe ou cet ami ont en eux les qualités qui manquent au héros : habileté, expérience, comportement… Qualités que le héros doit acquérir à la fin de l’histoire.
3) Un prix qui est recherché, qui est la raison du voyage (même si ce n’est qu’un McGuffin). Ce prix est généralement quelque chose de primitif : Retourner chez soi, trouver un trésor ou rentrer en possession d’un droit de naissance…
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