Il n’y a certainement pas de plus grand enjeu que la vie elle-même. La peur de mourir résonne profondément en nous car nous sommes conscient de notre mortalité et les histoires qui puisent dans cette peur ont un puissant pouvoir émotionnel.
Le concept va même jusqu’à menacer l’humanité :
Armageddon, Independance Day, Men in Black ou Contagion de Steven Soderbergh en sont quelques exemples.
Cependant, sans être cynique, il faut bien reconnaître que mettre en péril l’humanité ne nous fera pas monter les larmes aux yeux pour autant.
Notre réponse émotionnelle
Par contre, si un personnage ou quelques personnages pour lequel ou lesquels nous éprouvons un tant soit peu de sympathie se retrouve(nt) en danger voire le pronostic vital engagé, nous apportons alors une réponse émotionnelle.
Parfois la vie d’un personnage dont nous nous préoccupons est menacée dès le début du récit comme c’est le cas pour Philadelphia de Jonathan Demme.
Ou alors, cette menace est intégrée au climax comme on le voit dans E.T. de Spielberg.
Mais serions-nous en train d’écrire que dans les histoires où la vie de personnages que nous apprécions n’est pas en jeu ne pourront bénéficier d’une réponse émotionnelle de notre part ?
Que nenni !
Tout d’abord, Il faut bien comprendre que toutes les histoires ont besoin de provoquer cette réponse émotionnelle.
C’est votre job de faire en sorte que les petits enjeux (petites querelles, les séparations, les romances qui débutent, les problèmes financiers..) soient intensément dramatiques pour votre lecteur.
Mad Men en est un excellent exemple. Cette série nous prouve que des personnages qui ne sont jamais menacés peuvent susciter une empathie et un investissement émotionnel intense en eux dans leur quête désespérée du bonheur.
Si vous parvenez à ce que votre lecteur se sente concerné par le combat que mène vos personnages alors que leur existence n’est nullement menacée, un combat d’ailleurs que le lecteur reconnaît dans sa propre expérience de vie, ce combat aura le même impact émotionnel que pour un personnage en danger de mort.
La fin du monde du personnage
Pour y parvenir, il faut que le lecteur réalise que ce qui est en jeu, c’est la fin du monde du personnage. Ce qui signifie pour lui une grande déchéance, un abyme dépressif, la fin de son monde…
C’est un enjeu important, comme dans la vie réelle et pas seulement en fiction. Ce qui est en jeu, c’est le bonheur de votre héros.
On ne peut trouver de meilleur exemple que A la recherche du bonheur de Gabrielle Muccino. On ne craint à aucun moment pour la vie de Chris mais nous sommes irrésistiblement attirés par son combat désespéré pour trouver le bonheur.
A première vue, l’enjeu ne semble pas très important mais la qualité du sécnario nous fait ressentir cet enjeu comme incroyablement élevé.
Pour faire d’un petit enjeu, un grand enjeu, il faut que le lecteur le ressente comme tel. C’est cela ce que signifie cette qualité d’écriture dont nous parlions un peu plus haut. Il faut faire en sorte que le lecteur ne considère pas les petits enjeux comme insignifiants mais qu’au contraire, il les perçoit avec toute l’importance qu’ils ont pour les personnages.
C’est par le personnage, son comportement, ses actions, ses relations aux autres voire même son histoire personnelle avant que ne débute votre récit que vous parviendrez à ce ressenti chez votre lecteur.
C’est bien votre personnage qui communiquera au lecteur l’importance de l’enjeu et si votre personnage est suffisamment convaincant (si vous l’avez bien travaillé lors de sa création), le lecteur répondra à sa demande de compassion avec toute l’émotion recherchée.
Dans Tous les espoirs sont permis de David Frankel, c’est le mariage de Kay et d’Arnold qui est en jeu. Après 30 années.
Ce mariage est le monde de Kay et d’Arnold. Il est le cadre dans lequel se déroule cette histoire. Si ce mariage s’écroule, leur monde s’écroule et leur bonheur à jamais disparaîtra.
Voilà pourquoi l’enjeu (au départ un vieux couple qui bat de l’aile) est si important. C’est beaucoup plus qu’une petite histoire de séparation. Le monde de Kay et d’Arnold a presque une portée universelle. Nous partageons ou comprenons ce qui leur arrive, notre expérience est interpellée par leur histoire et soudain l’enjeu devient important.
Les enjeux petits ou grands doivent générer une intensité émotionnelle qui nous engage avec l’histoire et avec les personnages.
Un enjeu s’il est petit doit être communiqué par les personnages comme étant incroyablement important pour eux.
Pensez-y lors de la réécriture de votre scénario.